Custo diariste

*Bayeux... le retour!*

J.3 Marre des restaux guindés où on te fait un vulgaire lieu noir en papillonne à prix d’or ! Alors le choix vespéral d’aujourd’hui s’est fait sur un petit bistro/pizzeria (Milano) du centre. Très sympa ! Double dose d’apéro ! Double portion de pâte, des proportions à l’américaine, (pas dessert sans exploser!), une serveuse hyper joviale mais débordée ... Comme lors des visites de la journée j’étais entourée que d’étrangers. C’était vraiment étonnant d’être en pleine Normandie et de se sentir si dépayser à cause du langage ambiant. Le récit contrasté entre les souvenirs d’ici que j’ai pu évoquer et ceux outre atlantique qu’on me contait, ont meublé et ponctué agréablement ce repas copieux…

J’évoquais la cicatrice dans le cou de mon grand père que je touchais curieusement avec mes petits doigts quand j’avais à peine cinq ans. Il parlait peu de la guerre mais il en portait les stigmates, tant physiquement que dans ses comportements. Je me souviens d’ailleurs que derrière la maison restaurée trônait un four à pain garni de réserves dont seuls les enfants pouvaient extraire le contenu à cause de l’étroitesse de la porte… Les années d’emprisonnement avaient laissées des traces traumatiques que les mots ne pourraient jamais vraiment traduire.

Les souvenirs et évocations de nos proches s’enchainaient quand vint celui d’un oncle qui pour échapper à la réquisition s’était caché dans une cabane dans les bois pendant des mois, voire des années. Ravitaillé par la famille qui risquait tout autant que lui. D’autres se sont mariés à la hâte pour ne pas aller au front, marquant ainsi l’histoire de plusieurs générations dans leur choix d’alliance encore à ce jour contestée ! Avaient ils conscience qu’ils marqueraient ainsi toute leur descendance du poids de la honte et/ou de l’incompréhension ?

"I’ll be back" c’est que j’ai entendu deux fois en quittant le site dans l’après midi ! Ca m’a fait rire de penser que c’était une des rares réplique d’Arnold dans Terminator :D ... Quand je pense qu’Ingrid qui a travaillé deux ans ici m’a dit en partant " Profite en bien parce que généralement quand on en part on n’y revient pas!" Et bien contrairement à cela je pense que je reviendrai :p Pas spécialement sur ces côtes qui exploitent bien trop le souvenir collectif pour qu’on puisse en voir autre chose, mais à proximité avec Honfleur et Jersey…

Sur le retour un arrêt à Avranches (dont le nom me fait penser à mon amie écrivain J), histoire de voir le Mont autrement… parce qu’après cinq visites ces dernières années destinées à satisfaire chaque ami étranger qui convoitent ce bout de cailloux tout autant que la Tour Eiffel… je me risque pas à une sixième fois sous prétexte que je passe par là.

Avranches est une petite ville surprenante par son relief. Perchée sur un monticule qui domine la baie elle expose des fortifications moyenâgeuses, mais ce qui m’a le plus interpelé ce sont ces trois églises distantes de quelques centaines de mètres seulement et toutes bien différentes (La première à l’entrée de la ville aux allures de cathédrale miniature et au style néo-gothique, l’autre de type romane et celle du bas au caractère espagnol!). Je voulais voir le Mont d’un autre point de vue, il fallait dons se hasarder dans la campagne pour finir au fin fond d’un petit hameau pierreux qui desservait la baie. Un sentier dessert arpentait les prés salés et délivrait un vent glacial qui poussait à l’extrême les deux petits degrés ambiant !

Le ciel ne contenait aucun nuage, le soleil généreux permettait de voir le mont si clairement que je pouvais voir ses remparts. Le paysages méritait d’être peint. Comme j’aurai aimé poser là un chevalet et dessiner ses states; le relief des prés d’un vert profond, les lampes de mer à mi marrée qui léchaient les bancs sablonneux, le continent feutré et brumeux en arrière plan. Mais c’était moi qui posait ! Planter là face aux chevaux qui se régalaient… c’était si contrasté; paisible et stimulant.

Hier je disais à un proche que je pourrais me dépouiller de tout (matériellement en tous cas) mais surement pas de moments comme ceux la. Pas besoin de partir à l’autre bout du monde alors qu’on a tout près de chez soi. Ma richesse je la trouve dans mes petites pérégrinations qui aboutissent à ces moments de découverte et me font tout oublier juste un instant tout en me remplissant d’expériences impérissables.