Custo diariste

*Nymphomaniac*

Après midi toride. Les volets clos...un mari-amant parti pour quelques jours...je m’installe devant le pc après une séance de sport...et je choisis ce film "à voir en toute intimité".
Les premières minutes me font penser à Julie puis à mes cours de psycho et à nouveau à elle…

Alors que je m’attendais à une entrée en matière qui nous plongerait directement dans le vif du sujet je suis étonnée d’être plongée dans une ambiance clauque, misérable… je comprends alors qu’en nous montrant la déchéance du sujet on commence par la fin.
Le premier échange met en avant deux personnages doux qui ne tardent pas a être cru ! Le ton est donné et ne cessera plus de fluctuer entre douceur, tendresse et la dureté tant dans les actions et les propos.

En parallèle de la narration se décline la métaphore de la pêche ! (bien plus jolie et originale que celle de la chasse). Forcement on se demande à ce stade si c’est une fuite du thérapeute...qui n’est qu’un homme!
L’enjeux particulièrement grotesque du paquet de bonbon renforce l’apitoiement qu’on a du sujet ! Un sujet réduit à sa propre déviance comportementale...à sa morale qui ne trouve pas de cadre satisfaisant à ses yeux. Il est si triste de sentir réduite à un simple objet de désir, un outil exploitant la faiblesse humaine à travers le sexe ! Objet de pulsion. Triste de n’en tirer aucune satisfaction sans en subir le poids de la culpabilité.
Donner et prendre du plaisir sans le subir semble impossible dans ce cas...et paradoxalement la jouissance est une absolue priorité!...une opposition à l’amour.

Ceux qui s’attendent à voir un porno (et j’avoue que ca m’a quand même effleuré l’esprit) seront surement déçu (même pas une petite envie de masturbation!:p sauf peut être quand… :p). On découvre des scènes bien subtiles et imagées qui nous déconnectent et vous replongent de cette idée sexuelle constante.Un balancement entre la recherche de la virilité, de l’érotisme et la complexité de l’amour qui est clairement rejetée pour l’humiliation qu’il génère. Mais pourquoi ?
En tant qu’analyste je subis le visionnage par le biais de la réflexion, de la nécessite de comprendre, occultant ainsi toutes influences possiblement excitantes!... mais n’est pas pour cette option que mon choix s’est porté sur ce film?...

La relation sexuelle fait suite à toute crise, à tout dépassement, elle remplit les vides, les manques, elle cherche désespérément à combler l’être qui se croit vide… :/ vide de compassion, d’empathie et de tous autres sentiments...le plaisir supplante la morale et inhibe toutes options relationnelle qui dépasse cette réponse primaire et si primal.
La question bien concrète serait de nous demander à quelle fréquence et quelle diversité implique une hyper-sexualité ?

Un jour G m’a confié inquiet les déviances d’une de ses collègues ! Bien sûr elle s’était essayé à le séduire lui aussi puis avait opté pour les proies plus faciles...On parlait d’elle et de sa pathologie avec beaucoup d’empathie quand un nouvel épisode
sexuel contribuait à la déchéance de sa vie...séparation, perte de la garde de son fils...puis celle de son emploi...et ce pendant des années...
Un après midi d’été il prit un pot en terrasse avec un collègue qui lui confia une soirée torride avec elle dans une chambre de garde après les heures de boulot!... un homme discret attablé derrière eux est venu lui taper sur l’épaule:
-excusez moi, j’ai entendu votre conversation et je me demandais si vous parliez de Julie ? Cette fille qui....
G fut stupéfait de cette situation hasardeuse ! Et si triste de constater que son identification se réduise à ses actions démesurées avec les tous venants… depuis quelques années nous n’avons plus de nouvelles… je me souviens avoir eu autant pitié d’elle que des hommes malhonnêtes qui se déresponsabilisait de profiter d’elle simplement par ce qu’elle s’offrait.
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28 Juin
Nymphomaniac II

Journée de détente auto-imposée par nécessité de me retrouver. Comme pour inhiber toutes tentations et me cantonner à la maison, la pluie d’été n’a pas cessé de tomber toute la journée. Une fois ma visite de l’après midi terminée et mes comptes cloturés j’ai visionné le second volet de ce film.
Dans la continuité de la première partie Charlotte se raconte dans cette petite chambre clauque face à une personne mystérieuse et bienveillante.

La naïveté et la candeur du sujet du premier volet se fait oublier au profit du récit plus dure d’une femme que son addiction à amener trop loin, une dépendance qui l’a fait glisser vers l’insuportable. La noirceur de sa vie (sans mauvais jeux de mot) la pousse à tout tenter pour ressentir jusqu’à se décrire comme insensible, sans scrupule et exploiter ce versant de personnalité. Comme une femme desespérée de donner un sens à sa vie elle fini par n’être que l’exécutante de sa propre souffrance déversée sur les autres.
La maternité impacte à peine sa vie...et malgré la répulsion qu’elle a d’elle même. Elle cherche viscéralement à transmettre et a s’étendre à travers une autre…

J’ai déploré l’aspect extrême et peu représentatif (il me semble) de cette addiction (avec l’automutilation, le masochisme...), à travers le sevrage et cet environnement calfeutré qui accentuait considérablement l’aspect pathologique… et j’ai particulièrement apprécié et rejoints quelques uns de ses propos lors des échanges plus "philosophiques" concernant "l’hypocrisie sociale et ses euphémismes ou encore la pédophilie…

Lorsque l’explication concernant le thérapeute est apparue (à savoir son asexualité) et même si il manquait de crédibilité, j’ai espéré un apaisement du sujet et une fin heureuse (mon optimisme semble toujours prendre le dessus!)...
Jusqu’à ce que les dernières minutes me ramènent à ma toute première pensée quand elle s’est installée dans cette chambre pour se confier..." l’homme n’est qu’un homme, d’autant plus face à sa sexualité"!
J’avais pourtant tellement tenter de la réprouver pour pallier à cette prévisibilité pessimiste que forcement je n’ai pu qu’être décue de la constater.