Custo diariste

*Seule?*

Meg' trône juste à côté de moi et nous observe avec un grand détachement. Pendant qu’il reballait le dossier des yeux, je m’impatiente. Quelques palpations puis il me teste mes appuis ! "Seulement deux jours que mon pied à droit de toucher le sol, il s’attendait à quoi?!" Une douleur et un déséquilibre immédiat me contraignent de saisir la table ! J’ai l’impression de faire la consulte en réclamant mon dû : prolongation du lovenox par nécessité, arrêt de travail qu’il n’évoque pas… L’échange est bref, les feuilles sortent par automatisme de l’imprimante. Il m’affirme que je remarcherai dans deux semaines chrono, que les 15 séances kiné feront des miracles et qu’ensuite en cas de besoin ce sera le généraliste ! Tout ca me semble vite expédié!
A mi chemin entre enthousiasme et perplexité, Meg face à ma transparence ne peut que me refléter ce qu’elle interpréte comme de la déception. " Tu me connais depuis toujours Meg', tu connais donc mon optimisme habituel ainsi que ma passion pour mon métier...mais là, j’arrive pas à croire que je serai assez apte à marcher dans si peu de temps, que je serai assez ferme sur mes appuis pour manipuler les enfants en toute sécurité..." J’étais intérieurement dépitée !

Un petit saut à 20 m de chez moi et je me retrouve devant la porte du cabinet du kiné où de belles marches abruptes s’imposent ! (une aberration!) La nuit fut courte et l’impression laissée la veille à la sortie de la visite médicale n’avait fait que croître et gruger mes forces. Forte de ce qui me restait et telle une guerrière citadine j’ai enfiler ma canne dans mon sac à dos telle une épée ! :D Arrivée au sommet et faute de réception j’ai du attendre, attendre… Seule dans la salle d’attente l’inquiétude finissait sa course sans que je ne m’en rende vraiment compte.

Rejoins quelques minutes plus tard, j’ai cru obtenir un quelque conque soulagement… mais coincé au paroxysme de ma vulnérabilité je reçus un coup bas qui me laissa sans voix ! La gorge nouée, les mots ne sortaient pas. De retour bredouille à la maison, désarmée j’ai remis à plus tard cette recherche de kiné, cherchant à m’occuper pour combler la faille émotive qui me laissait sur un file. Les larmes tant bien que mal refoulées ne cherchaient qu’à s’évacuer. L’infirmière arriva. Heureusement l’inquiétude trouva sa place dans notre échange et en fut amoindrie.

La cheville trop gonflée pour me chausser, la rue trop mouillée pour y poser le pied, la maison trop étroite pour y déambuler… c’est dans le confort de la galerie commerciale désertée en début d’après midi que j’ai pu m’exercer en toute tranquillité ! J’y ai d’ailleurs trouvé un nouveau jouet ! :-) ...
Le moral revenait...
Malgré tout à la nuit tombée, au moment de fermer les yeux une question douloureuse fit écho : quand exceptionnellement c’est moi qui va mal, quand je suis seule face à moi même, à mes limites, à ma fragilité, quand j’ai psychologiquement mal, sur qui puis je compter pour me remonter ?