Custo diariste

Chaos (15dec 2013) concours

Les mouvements en balancier me lèvent le coeur, transie de froid et abrutie de fatigue je garde les yeux clos… Je vis mes derniers instants de quiétude sans le savoir ! Un tangage de plus et je n’ai plus le choix. Instinctivement je me précipite par dessus bord pour rendre le pauvre contenu de mon estomac !

Après avoir repris mon souffle, les yeux fixes et grands ouverts sur les flots, une main se pose sur mon épaule "Ca va?" Je murmure un "hmm" à peine convainquant et me tourne pour voir où je suis. J’occupe une coque de noix ! Un bimoteur de 8 places. Un couple serré l’un contre l’autre me dévisage. L’homme qui me conforte est accompagné d’un petit garçon. Le navigateur quant 'à lui à tout du marin jusqu’à la casquette et la vareuse !

"Qui êtes vous ? Qu’est ce que je fais là"?
Les passagers se regardent perplexes et visiblement attristés. Après un long silence le père prend la parole:
"Vous étiez inconsciente quand je vous ai trouvé mais vous respiriez encore… J’ai vu votre badge et je me suis dit que vous pourriez nous êtes utile par la suite… ca fait deux jours que vous êtes inconsciente..."
"Mais ou sommes nous?"
Là je crois rêver ! Tout juste émergé de l’eau la cime d’un clocher d’église apparaît dans les flots ! Puis un corps flottant tape sur la coque ! Horrifiée mes yeux s’écarquillent et je commence à hyper ventiler !
"Calmez vous ! Pour l’enfant ne paniquez pas^^Les terres côtières sont toutes submergées, nous allons vers Paris pour avoir une chance de trouver secours et nourriture. Nous y trouverons peut être un peu d’aide et des informations sur ce qui s’est passé..."
"...je me souviens pas ! Pourquoi je me souviens de rien?!"
Je referme sur moi le manteau d’homme bien trop grand que je porte et reste assise là, hagard et prostrée un temps indéterminé. Des milliers de questions me traversent la tête, les larmes ne font que couler quand j’en viens à me demander où sont mes proches....

La brume se dissipe et laisse apparaître des bâtiments de plus en plus hauts, l’eau baisse, nous approchons de Paris et des terres..."je dois me ressaisir si je veux survivre" Instinctivement je regarde ce que j’ai sur moi. Un badge déchiré avec un matricule incomplet que je glisse dans ma poche, une barre de céréale, une arme dans ma poche droite et une bague enveloppée dans un papier fripé ou une écriture de cochon indique " Sauve notre mémoire" ! Je la porte à mon doigt et instinctivement ouvre le mécanisme qui révèle la puce qu’elle contient ! Je dissimule mes trouvailles et attends notre arrivée, prête à tout affronter!
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.................................................Survie...........................................-.............
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Du haut de mon refuge confortable j’observe les débrouillards de la rue qui grouillent comme des fourmis et s’activent au troc… La ville porte les stigmates du passé, Huit années se sont écoulées et le ciel ne s’est pas défait de sa couleur fade, sombre et verdâtre, nous privant de soleil depuis le chaos. J’articule sur mon doigt sa bague que je ne quitte pas depuis mon arrivée, celle qui contenait tous les codes d’accès au serveur central…

D’un coup le bruit de la presse à imprimer que j’ai bricolé la première année cesse de fonctionner. Ma petite Océane en retire les derniers feuillets:
"je pourrais descendre au kiosque avec toi cette fois?"
"Hoo C’est la dernière fois que nous irons, demain sera le grand jour. Internet sera relancé, les antennes sont enfin réparées. Alors peut être que..."
La fin de cette phrase fut adressée en pensée comme une prière, a travers la baie vitrée je me questionne:
" ... si tu es encore en vie quelque part, alors peut être que tu sauras que toute ses années nous avons publié les écrits. Demain tu seras peut que j’ai tenue la promesse en faisant perdurer que tu m’as si chèrement légué!"
La vie quotidienne des diaristes "d’hier et d’aujourd’hui" ait parru quotidiennement. Elle nous permet de préserver la mémoire de ce que nous étions tous autre fois...avant la dévastation.