Custo diariste

que fais tu là 22 juillet 2011

Le contenu:
Je me sens dans un rythme lent, imprégnée toute entière d’une étrange lancinante.
Je ne sais pas où je me trouve. Comme sortie à l’instant d’un long sommeil j’ouvre tout juste les yeux à la recherche d’éléments dans le décore qui m’indiqueraient où je suis.

Tout est flou, Seul l’aspect général d’un couloir m’apparaît. Un peu perdu je sens mes yeux qui parcourent lentement l’entourage. Mon regard est subjectif; je ne me voit pas vivre la scène, je la vis.
Un obstacle de taille à quelques pas de moi se dessine et un sourire se forme sur mon visage, mon front se dégage de sa crispation d’incompréhension et je sens que je m’apaise car je reconnais les portes battantes du hall de la maison familiale.
Je suis chez moi ! Je soupire.
Je suis plantée là comme si je venais d’y apparaître.
Un bien être m’envahit. Puis tout mon corps m’appelle à m’élancer pour les pousser. Les mouvements lents se décomposent et s’enchaînent comme une scène au ralentit. Je passe les portes sans difficultés, je l’ai entends se rabattrent dans un fracas de bruits sourds, amorties par les épais caoutchouc.

Je me prépare intérieurement à être accueilli, je devine la présence de ma mère, je la perçois non loin, je peux presque la sentir...Mon père sort sur ma droite du cabinet et se dirige vers la salle d’attente. En venant vers moi il sourit tendrement, m’embrasse affectueusement au passage et me murmure:
"T’as mère va avoir une belle surprise de vous voir"!
D’abord un peu surprise, je cherche ensuite à comprendre. Je fouille ma mémoire vide pour y trouver les souvenirs de mes intentions concernant ma venue. Un clignement d’yeux il n’est plus là. J’hésite : qu’est ce que je fais là ? Face à la porte de vitraux qui donne sur la partie privée, j’attends.

A ma grande surprise la porte s’ouvre à ce moment là et ma douce maman, se tient là avec un grand sourire et un regard aimant. Je suis toute émue de la voir et je me contiens. Elle se penche, tend les bras comme une invitation à la rejoindre, je fais un pas et l’entends dire:
"Je suis si contente de vous voir!"

Droite comme un i je me concentre. De toute évidence quelque chose méchappe ! J’étudie mes perceptions et je sens une chaleur dans le creu de ma main. Alors tout aussi lentement, je baisse le regard sur ma gauche et j’y vois une petite fille. J’en suis toute bouleversée ! Mais qu’est ce qu’elle fait là?!
Perplexe j’attends qu’elle lève les yeux pour la voir.
Elle m’arrive à la taille. Elle a les cheveux mi longs et de grosses boucles bien dessinées. De ma position je ne perçois qu’un pan de robe et un froufrou blanc et rouge. Elle porte des babys vernis et je me dis : quelle faut de goût, ca ne se fait plus depuis des décennies !

Ces petits doigts m’enserrent la main et je suis particulièrement troublée par le lien du ressentis qui s’impose à moi. Pourquoi elle m’est si familière?
Elle bouge et je sens qu’elle trépigne de rejoindre ma mère. Elle tourne la tête vers moi. Je retiens mon souffle et souris pour accueillir sa demande. Avec une grande expression de naïveté et d’impatience elle me demande ce que je devine être la permission d’y aller, mais le temps c’est figé ! L’émotion me submerge à la vue de ses yeux de biche, de sa peau laiteuse, et de se sourire que je connais si bien ! Les larmes m’innondent le visage. Je ne sais pas si je pleure de joie ! Mais qui est elle? ! C’est un mini moi!!
Elle s’élance et s’engouffre dans les bras de ma mère:
'"Mamie!"
Les mots m’emplissent la tête et tourbillonnent au même rythme que les émotions qui me chamboulent à tout vitesse cette fois:
J’ai une fille !

Le choc et la force du ressenti m’ont extirpé de mon sommeil. J’en suis restée déboussolé un moment. J’avais vécu cette scène avec une telle intensité que j’en étais toute retournée.

J’ai fais ce rêve il y a cinq ans déjà. C’est le seul dont je me souviens avec un tel précision, sans procédé à une actualisation cognitive. C’est surprenant!
Je ne crois pas aux prémonitions mais aux projections!
Est ce là l’expression inconsciente d’un désir d’enfant refoulé? ! Si je me fie au Rasoir d’Occam : la théorie la plus simple est encore la meilleure, j’aurais tendance à le croire.
Jamais rien ne m’a tant bouleversé dans la vie que ce moment là.

L’nterprétation :

Si ce rêve n’étais pas le mien et que je devais l’interpréter (et j’ai assez de recule maintenant pour le faire) je dirais:
Qu’il est étrange que je sois apparu dans ce hall. Dans cet entre deux, entre extérieur (zone insécurisante) et la maison (section privée très sécurisée).
Que représente cet d’entre deux?
L’espace médical!
Qu’est ce que je faisais là?
Peut étais-je prète pour entendre les explications de mon père sur ce que je venais d’apprendre de la pathologie de G.
Il est venu affectueusement vers moi mais n’a fait que passer comme lors ce qu’il a créé cet espace de dialogue auquel je me suis refusée.

Je suis étonnée par la lenteur et la pesanteur des événements qui s’opposent au bien être et l’apaisement que je ressens. Peut être que le rythme appelle à une introspection, à une écoute active des sentiments, pour qu’ils s’identifient et se vivent en prenant la place qui correspond à l’importance que je dois leur donner.

J’étais heureuse. Je me suis senti transportée en supposant qui elle était. Je sentais ce lien d’amour si fort que pourtant je ne connais pas… J’ai aimé ce paradoxe : me reconnaître en elle et me dissocier d’elle.

Pourquoi en supposant que ce soit ma fille, n’était elle pas là la première partie de mon chemin ? Mon apparition dans le couloir était comme une naissance, la découverte des lieux et les impressions floutées, comme un éveil à la vie, puis mes premiers pas jusqu’au premier obstacle : les portes battantes qui me bloquent le chemin ! Quel est cet obstacle ? Ne pas pouvoir avoir d’enfant !

Peut être que chacun de mes pas étaient une étape de ma vie et qu’il m’a fallu d’abord cheminer sans "Elle"... Les portes battantes représente l’obstacle qu’il faut surmonter, sur le quel je dois impulser pour passer avec détermination et continuer d’avancer. Le fracas que j’énnonce comme tel peut être témoin de la difficulté à surmonter. Le bruit sourd rassure sur sa bonne finalité.

Je voyais cette porte de l’espace privé inondée de lumière. Un ensemble de couleurs vives diffusées par les vitraux arrivait jusqu’à moi et ca ne m’étonnais pas; C’est la maison du bonheur.
Quand "Elle" s’est dirigée vers ma mère et qu’elle l’a accueilli dans ses bras en ne cachant rien de sa joie, je me suis sentie fière de penser que je pouvais être responsable davoir provoquer ca.