Custo diariste

Une renaissance

Bien souvent Bibi demande "le chapeau" en sortant du bain ! Je lui mets la serviette sur la tête (ce qui l’écrase un peu de part son poids" et elle s’affaisse au sol avec satisfaction. Quelques secondes plus tard elle se met en position foetale, face contre le sol, toute enroulée de tissus. La voyant faire pour la seconde fois je me suis dit que ce n’était pas un hasard (ce qui répète se veut symptomatique et ne trouve pas de réponse évolutive).

Je m’approche, signifie ma présence d’une voix douce, la touche au lombaire pour contacter son centre et induire un sentiment de sécurité puis je pose une seconde main que je fais aller en circulaire pour lisser son enveloppe corporelle. Elle se laisse faire et se trémousse en riant légèrement. Après une minute ou deux elle s’arc-boute ce que je prends pour une demande de ponctuation du geste. Je retire donc ma main et m’éloigne un peu pour répondre au besoins de sa soeur qui me sollicite.
Quand vient son tour pour se mettre en pyjamas elle rechigne, tarde, se meut mais ne sort pas de son cocon. Pressé par le temps je la prends dans sa serviette comme une petite boule, la rassure et l’emmène sur la table à langer. Ce jour la je ne mesure pas l’importance de ce qui vient de se vivre pour elle. Je l’habille.

Hier elle a rejoué la même scène et de nouveau je suis allée au contact. L’aternance parentale dans la prise en charge a fait qu’MPL m’a demandé "Bibi ne veut pas sortir de sa serviette, tu veux bien venir?". Je la recontacte et elle se meut de la même façon. Ce tissus bordeaux, douillet au toucher et en forme de boule m’évoque une matrice. Je pose ma tête sur ses lombaires et elle s’immobilise. Puis elle induit de petits mouvements comme pour la soulever. Je fais en sorte de mettre une certaine fluidité et de jouer avec le poids de ce segment corporel. En poussant sur son dos elle pousse aussi sur sa tête, mettant sa nuque en flexion, le geste est sans ambiguïté, on dirait un bébé qui cherche à naitre! !
L’accouchement n’a pas été facile, longtemps j’ai porté le sentiment qu’on nous l’avait volé, a t elle besoin de le revivre pour se l’approprier ? Pour nous réunifier dans ce vécu ?

Après quelques coup de dos qui ont fait rebondir ma tête je lui demande "c’est dure?" elle me dit oui puis "encore maman". J’optempère et accompagne ses mouvements d’un son haut et modulable emprunt de jubilation. Puis je lui dit avec douceur et en diminuant les mouvements ainsi que les sons pour finir par la caresser "mon bébé choux". A ce moment la elle s’est déployée, s’est retrouvée toute nue, se tournant face à moi et se jettent dans mes bras ! J’ai explosé de joie, l’ai sérré fort, je l’ai bisouté partout en ayant le sentiment de la voir pour la première fois ! Saisie d’une vive émotion on est resté figé quelques secondes pour savourer le moment.

Le soir au coucher lorsqu’elle a trouvé une nouvelle excuse pour avoir encore un peu d’attention avant de dormir, je lui ai fait son dernier câlin en lui disant "ho ma grande fille..." ce a quoi elle m’a corrigé "non maman, bébé choux" !
Je comprends mieux sa régression du moment.
Attendons de voir de quoi témoignera par la suite ces nouvelles traces corporelles et ce nouveau vécu psychique corrélé ....
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Nounou est enceinte ! Elle a de suite été arrêtée à cause du CMV. Prévenu le lundi pour le jeudi il a fallu être réactif. Sa responsable qui chapeaute son unité est une remplaçante qui est peut réactif et encore moins serviable. Tous les parents ont donc eu la même liste et les temps complets ont été favorisé; Résulats plus de choix. Heureusement l’une d’elle nous a recontacté car une place s’est libérée promptement. Quelle chance !

Nous sommes arrivés chez elle pendant la sieste, assise au salon je constatais avec gène l’aspect sombre des lieu. Elle tenait un enfant dysharmonique corporellement : même assis il semblait atone du bas et tentait de se mettre en posture antéro médiane sans y parvenir. J’essayais de rester concentré sur la dame et de lui poser des questions pour alimenter l’échange afin de dépasser mes préjugés car j’avais constaté à quel point elle faisait négligée ! (cheveux gras et décoiffés, grosse cernes, maquillage qui ne semblait pas du jour, tenue confort...). A côté de moi MPL semblait ne plus respirer, il était tout figé. Bien qu’une envie irrépressible se fit sentir viscéralement je m’efforçais de tenir l’entretien quelques minutes de plus car elle venait de débuter son activité et je ne voulais pas que notre refus la décourage.

Un enfant se fit entendre dans le baby phone et elle finit par se lever, MPL profita de cette rupture pour dire que nous allions la laisser travailler. Elle posa l’enfant au sol et prévint qu’il allait pleurer et ramper pour la retrouver "il fait ca a chaque fois". Estomacquée de voir cette enfant exécuter ses prémonitions je me mis a sa hauteur et lui dit "Helène revient, elle revient t’inquiète pas". Il était animé de ses pleures pétris d’angoisse et se mis a ramper tel un militaire en exercice en focalisant ses actions dans les bras… j’avais le coeur serré de voir cet enfant en détresse psychique et surtout de constater qu’il avait aucun appuis du bas du corps ! Il avait un an passé et était bloqué à ce stade ! Affreuse expérience ! On du partir alors qu’en peu de temps j’aurai pu le prendre en charge…

En sortant de la PML reprit une longue respiration ! "je laisse pas ma fille ici" ! Quelques minutes plus tard alors que nous réfléchissions a une autre option dans un système sclérosé on a appelé par hasard une MAM a deux pas de chez nous, juste pour voir les délais et comment on pourrait faire en attendant; on nous a dit "il y a justement une place qui vient de se libérer mais jusqu’à Mai uniquement." ca tombe bien car après on sera en vacances scolaire...rdv demain, on croise les doigts.