Custo diariste

Le temps, la peur...le bonheur...❤

Le conseil le plus récurent depuis sa venue est "profite de chaque instant… tout va si vite", pour profiter on profite. On a tous deux aménagé et choisi un temps de travail réduit pour être là et vivre pleinement chaque instant qu’elle offre, pour savourer chaque petit moment de bonheur, pour nous réjouir ensemble de toutes ces premières fois en tant que parent. C’est un luxe, des petits sacrifices mais c’est notre priorité de vie.

Elle vient de passer ses deux mois et le temps de dire ouf, de prendre nos marques, elle aura déjà trois mois ! Ce n’est déjà plus le tout petit poupon hyper fragile, atone, et peu réactif d’après la naissance bien qu’elle garde encore des comportements tout aussi attendrissants. Son père aura pleinement profité d’elle et reprendra son activité pleine qu’à la rentrée des classes, quant à moi, et malgré ma reprise d’études, je serai là pour elle jusqu’à ses huit mois.

Quand je la regarde maintenant, au moment où mon congé maternité s’achève, je me dis que ce serait très violent de la laisser maintenant, même à quelqu’un de confiance ou de la famille. On s’offre une incroyable chance pour elle comme pour nous d’être ensemble et au plus près les uns des autres tout ce temps, ce qui est essentiel pour moi. Je ne conçois pas, pour quelques raisons que ce soient, que mon enfant puisse se construire affectivement dans la journée avec quelqu’un d’autre que nous !

Et je ne peux m’empêcher de penser à tous ces parents qui récupèrent leurs enfants seulement le soir, souvent après 9/10 heures d’absence (8h de travail+le transport) pour à peine profiter d’eux et ce 5 jours sur 7 ! Que leur reste t ils ? Comment arrivent t ils à se convaincre qu’ils participent "raisonnablement" à l’épanouissement, à l’éducation, et à la construction émotionnelle de leur enfant ? Comment se rassurer sur ce qu’on leur transmet de nous en si peu de temps investi auprès d’eux ? Quelle place pour la culpabilité?Quel sens pour le projet de parent?...Le mieux qu’on puisse faire dans ce cas est de choisir au mieux qui leur offrira tout ca pour nous ! La collectivité qui les dépersonnalisera ? Une nounou qu’on n’a parfois choisi par défaut géographique et dont on ne connait rien ? Avec de la chance (mais pas pour tous) les grands parents?... Je dis "nous" car un jour je retravaillerai à plein temps et forcement je devrai faire cette exercice de contorsion d’esprit pour me rassurer et donner du sens au fait de les avoir mis au monde pour qu’ils soient élevé par d’autres !

Bref pour l’instant je fais les sacrifices qu’il faut pour être là pour elle à chaque instant et savoir que son père à choisi une profession favorable à son épanouissement et en liberté de temps, contribue grandement à mon bonheur familial. Avoir les grandes vacances pour nous est très appréciable…

C’est d’ailleurs dans le pays voisin que nous sommes parti en weekend la semaine dernière. L’Allemagne est un bien joli pays ! Si vert… ces forêts denses et légendaires, ses reliefs, sa charcuterie… nul doute qu’on y retournera pour s’évader ainsi. Depuis l’arrivée de Bibi on avait pas eu une minute, ni de rythme pour avoir l’aisance de la soumettre à un autre cadre sans la perturber. Forts de cette mini expérience nous avons enchaîné sur quelques jours au coeur de l’Europe… changer de cadre et nous retrouver autrement que dans le quotidien m’a fait beaucoup de bien.

Haaa trois mois déjà et nous ne l’avons pas encore présenté tout le monde ! Pour ce faire nous rentrons presque quatre semaines en France… c’est auprès des gens que j’aime que j’ai l’intention de me ressourcer…

Le temps file aussi vite que ce qu’on nous avait dit et j’ai bien l’intention d’en profiter !
La seule pensée cruelle à laquelle il me fait penser est qu’en le voyant défiler je vivrai avec ce paradoxe : avoir un bonheur infini avec mon enfant tout en le voyant constamment s’éloigner ! N’est ce pas cruel de mettre un enfant au monde, vivre son plus grand bonheur et avoir pour mission de s’en défaire toujours un peu plus, toute sa vie?...
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pensées isolées :

- J’ai eu des nouvelles de Al il y a quelques jours ! Il avait besoin de parler je suppose. L était absente et il m’a confié qu’ils avaient perdu un enfant à 15 semaines...le choix fut dur à vivre...la maladie, le peu de chance de mener la grossesse à terme...
Au file de la conversation et alors qu’il me parlait du stade des trois mois qu’il vivra surement plus sereinement la prochaine fois, j’ai réalisé qu’après ca il aura surement peur qu’elle accouche avant les six mois qui sont un cap de viabilité, puis que le bébé ou sa femme aient des complications à la naissance, puis il pensera à la mort subite du nourrisson ... dès la conception, dès qu’on devient parents, la peur ne nous quitte plus ! J’étais si insouciante avant cela...avant nous trois… quand je n’avais que moi ou presque… Le bonheur d’être parents à toujours le gout amer de la peur de perdre ses enfants…

- Autre surprise du temps qui passe : S m’a recontacté après que je lui aie envoyé un faire part… en rediscutant on s’est rendu compte que ca faisait pile dix ans que ca n’avait pas été le cas ! A travers plus d’une heure trente de conversation et espérant créer la surprise elle me dit : "moi aussi j’ai un nouvel homme dans ma vie". Interloquée par son prénom générationnel je lui demande son age et elle me révèle qu’il a neuf ans ! J’avais un neveux dont j’ignorai l’existence ! J’étais bien heureuse d’avoir de leur nouvelle et de me voir inviter à les revoir l’été prochain...peut être…