Custo diariste

*20 ans après...*


Perchées dans la tour de la structure en bois du jardin d’enfants on cherchait à marquer l’instant. Elvy entreprit de graver nos noms discrètement à l’intérieur du toit puis elle ajouta la date : 1996. Nous venions d’inscrire fièrement l’obtention de notre brevet des collèges tout autant que nos deux années d’amitié. Ce fut la dernière fois que nous nous voyons.
Les années ont passé...
chacun à fait sa vie en intégrant l’autre à ses souvenirs jusqu’à qu’il soit recouvert par l’oubli.

Puis les aléas de la vie m’ont fait de l’oeil ! Après être revenu dans la région il y a quelques années je parlais à ma pause avec une collègue dont je me méfiais comme la peste tant elle honore sa réputation de langue de vipère. Pour illustrer et renforcer ce préjugé elle me parlait d’un couple d’amis à son fils quand elle a cité le nom de famille d’Elvy au hasard de la conversation ! Ma réaction fut à peine perceptible, tout juste une retenu de souffle avant de l’orienter sur autre chose à travers un questionnement stratégique destiné à masquer ma perplexité.
Après coup j’ai synthétisé les éléments de cet échange… j’en ai déduit qu’elle parlait forcement d’Elvy ou de sa soeur qui étaient restées dans le coin. Mais je savais aussi que pour préserver cette option de rencontre je devais impérativement attendre de ne plus être en contacte avec cette vipère qui risquait de compromettre la pureté de cette reprise de relation.

Quelques années de plus ce sont écoulées.
Et puis y a deux semaines Yann m’a rappelé entre deux vols comme il le fait parfois...on a réévoqué le collège, nos souvenirs communs et Elvy :-) J’ai alors réalisé que c’était le moment.
Un petit tour sur facebook et la première prise de contact s’est faite. J’ai été surprise de la voir toujours aussi vive et réactive. Elle m’a de suite invitée pour un café, je me suis empressée de fixer une date et le grand jour fut vite arrivé.

Après une petite demie heure de route je suis entrée dans un lotissement fraîchement sortie de terre et j’ai sonné à cette maison d’apparence standardisée avec ma boite de chouquettes à la main :p Quand elle m’a ouvert je l’ai à peine reconnu! ! D’une jeune fille aux allures de "Tom-boy" et à la silhouette athlétique, elle est devenue une très jolie jeune femme ! Quelle belle évolution. Elle a conservé sa chevelure rousse en la fonçant un peu, en faisant de ses boucles indisciplinées dont elle ne savait que faire, une jolie frisure parfaitement intégrée à une coupe effilée. Les mies longueurs tombantes sur les épaules associées au maquillage lui donnent toute la féminité qu’il lui manquait.

Deux petits garçons de huit et trois ans sont venu m’embrasser ! On s’est attablé autour d’un café pour remonter le passer tout en alternant nos récits sur différentes tranches de vie parallèles. Je remarquais qu’elle avait conserver ses gimmicks de l’époque ! J’ai retrouvé la douceur qui la caractérise dans sa voix et son regard et sa spontané. Un peu gênée par le fait de la découvrir je me sentais prise dans un paradoxe émotionnel : je découvrais cette femme épanouie, presque étrangère tout en me sentant familière avec elle. Ce fut bien étrange sur le moment, et plein de retenue…
Après un petit tour du propriétaire nous sommes allé appeler les enfants dehors. Au fond du jardin elle m’a montré la maison de Vipère (mon ancienne collègue) ! Je suis restée surprise par la proximité et je me suis intérieurement félicité de ne pas lui en avoir parlé pour préserver ce moment.

Tout en rédigeant ce texte Yann est apparu ! Je pensais qu’il venait faire son curieux pour avoir mes impressions sur cette rencontre ou savoir si j’avais glané des photos de classes (ce qui est le cas ! :D) mais non ! C’était juste pour un coucou, quelques taquineries et me dire qu’il m’enverrait quelques photos d’Asie la semaine prochaine après son passage à Washington ! Quel frimeur ! Il me dit : "j’en profiterais pour aller courir près du Capitole, j’adore cet endroit..." :D Haaa il doit oublier que je suis difficilement impressionnable avec ce genre de choses superficielles… Il le découvrira avec le temps :p (ces intentions soudaines et répétées sont assez étranges dans les intentions qui restent à préciser!...on verra...)

Ce matin avec Elvy nous avons échangé quelques messages de remerciements sur face book...j’étais toute émoustillée par cette expérience atypique et j’ai pris soin de tempérer mon enthousiasme tout en lui signifiant ma réjouissance et mon envie de poursuivre cette relation maintenant que nous nous sommes retrouvée.
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pensée du jour:
A 20 ans j’écrivais pour inscrire l’instant, à 25 pour éviter les cumules et retards de récits, à 28 pour palier à la première prise de conscience sur le recule de la vie, à 30 pour ne rien manquer de mon épanouissement, à 32 pour me souvenir de l’intensité du moment, à 35 pour garder traces de mes premiers regrets et me rappeler que c’est à 15 que j’écrivais simplement pour me raconter.
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musique du jour : Claude Debussy
(histoire de sortir des classiques du genre Zimmer ;-) et de me réconcilier avec le piano...)
http://www.deezer.com/artist/5176