Custo diariste

*Moment de douceur*

Assise confortablement dans le chesterfield de papy je regarde le feu crépiter dans la cheminée. Le canard embroché par mon père tourne et dore devant la braise. Ma mère me raconte leur cessation récente d’activité… Haa ce que j’aime me retrouver ici.

Nous sommes reclus dans cette pièce du bas car les deux adjacentes sont en chantier pour la semaine. Fraîchement retraité mon père à dévissé et rangé sa plaque, installé un sofa dans son cabinet pour désormais prendre le temps d’y lire, la salle d’attente est devenue l’atelier de couture de ma mère… C’est un temps de transition, où comme la maison, ils bougent, reprennent et cherchent à se resituer.

Ils tâtonnent en reprenant leurs marques, de nouvelles habitudes...ce qui donnent quelques situations cocasses :
à mon arrivée mon père rentrait tout juste d’une escapade en vtt avec un copain qu’il avait embrigadé dans l’aventure dans le but d’en faire un rendez vous hebdomadaire et de s’assurer une des activités sportives que permet son nouveau statut. Encore tout énergique il me dit un peu déçu qu’il devra surement réajusté ce duo car après 18 km dans les vignes et les sous bois son compère à frôle la syncope ! Palpitations, malaise vagal… :-) J’ai ris en me disant:" Haaa il va être difficile de trouver des partenaires à ce médecin du sport encore super en forme pour son age!" :D

Supers actifs tous les deux ils ont entrepris de refaire quelques pièces de la maison tant que leur age leur permet de se faire plaisir en bricolant. Cette maison est de toute façon beaucoup trop grande pour deux, ils ont bien conscience qu’un jour il faudra probablement la fractionner, faire des studios en haut par exemple et n’habiter que le bas en se limitant à une bonne centaine de mètres carrés...
Mettre tout ca à leur gout dès à présent est donc assez judicieux. Ca permet à Lilly de refaire toute sa déco et à Mick d’évacuer tout ce surplus d’énergie.

J’avais aucune appréhension sur leur capacité à s’adapter à cette nouvelle vie à deux en permanence. Ils s’aiment d’un amour tendre depuis toujours et ont appris à se jouer de leurs différences à travers ces trente dernières années. Pendant que ma mère était à son cours de peinture nous finissions de préparer le repas avec Mick qui me confiait les nouveaux repères de leur rythme de vie. "chacun semble investir ses sphères d’activités et d’épanouissement...on commence à cibler des moments réguliers dans la journée où on se cherche, où on aime se retrouver… C’est important d’aimer passer du temps ensemble, d’avoir plaisir à se rejoindre".
Quel duo ! Je reste admirative devant cette force d’amour.

Quand je les regarde, à travers leurs regards amicaux, leurs différents échanges, je vois le fruit de toutes ces années à cultiver le respect mutuel. J’y perçois une immense tendresse traduit par une multitude d’attentions, de gestes de douceur, de mots tendres, de baisers volés...et d’admiration réciproque. Ils ont su modestement reconnaître en l’autre des qualités exacerbées en s’en faisant un miroir de désirabilité, une appartenance par extension, légitime à travers ce duo. C’est ce qui je crois à permis une complétude, une osmose ressenti par chacun d’eux.

Ma mère à toujours été admirative de son dévouement sans bornes à son travail, à ses patients… de sa charité de coeur, de ses valeurs sociales, de voir cet homme affirmé, drôle, fort et tendre à fois.
Et je me souviens encore mon père la défendre d’une attaque injuste qu’elle avait reçu de sa belle fille "comment peut être penser une seconde que ses actions étaient males intentionnées, ta mère n’est qu’amour et générosité ! Elle ne demande qu’à aimer..."
L’admiration réciproque nourrit probablement l’amour durable.