*Préjugés*
La technique est bien rodée et forcement je n’ai pas pu y échapper!
Les ouvriers sont arrivés ce lundi. A peine installée pour ma convalescence dans mon salon, je jongle avec la paperasse (déclaration de sinistre, dossier a finaliser pour passer le relais à ma remplaçante...). A travers tout ca mon bureau prend place dans mon salon pour des raisons pratiques. Les ouvriers commencent enfin a découvrir le toit des tuiles qui n’ont que trop vécues… tout semble prendre place.
Je savourai un des nombreux moments de répis en ayant de la visite quand Mr L vint me faire part de ses premières observations:
-Oui oui ca se passe bien. Y a juste votre gouttière qui est toute trouée et qu’il faudra remplacer parce qu’on pourra pas la remettre...
- hoOo ! Mais on a pas prévu de la remplacer...
- Vous inquiétez pas notre fournisseur pourra nous trouver ca et nous faire un prix...
Il commence à prendre un ton que je connais bien, celui du petit arrangement ! Epuisée par cette semaine ultra rythmée et cumulée à la fatigue, je prends le chemin le plus court bien qu’il fut particulièrement désobligeant:
- Ecoutez, je me suis entendue avec Mr D sur le fait qu’il n’y aurait pas de dépassement de devis en ce qui nous concerne. Si l’évaluation que vous avez faite nécessite d’autre frais c’est à vous d’y pallier ! Il n’y aura pas d’extra, ni de petits arrangements. Je le vis vaciller ! Mais, fort d’une conviction qui devait m’échapper il eu l’audace de se reprendre et d’insister.
- Vous savez on fait de l’excellent travail, qu’avec des matériaux noble… J’acquiesçais pour pas l’indisposer tout autant que pour le rassurer mais ca ne faisait que l’encourager à argumenter. Je voyais le stratagème stéréotypé de l’artisan se mettre en place. Celui que j’ai connu lors de toutes les interventions que j’ai fait faire. La colère montait en moi au fur et à mesure qu’il travaillait sa prétention et sa volonté de m’acculer ! Il me surplombais, moi la petite femme pleine de douceur, moi l’estropiée ! Si j’avais été un mec j’aurai relevé mes manches, peut être même que j’aurais fini par lui proposer de gagner du temps en la mettant sur la table pour la mesurer et savoir enfin qui allait l’emporter!
Il finit par ponctuer sur le fait qu’il ne pourrait pas la remettre de toute facon… qu’il ferait faire un devis, que j’avais le temps d’y refflechir… Je perdais la première manche.
Bien que le savoir faire et les matériaux nobles se payent, les 100euros du mètre de gouttière était de toute évidence abusif ! Trouvé en quelques clics à huit fois moins cher en magasin de bricolage...Je lui fis remarquer!
Tout est si bien rodé. Il suffit d’omettre quelques évidences au préalable qui permettrons ensuite de vous acculer : ne pas spécifié si ce doit être encastré ou pas, ne pas spécifié que les gouttières seraient à changer avec cette technique, ne pas dire qu’il faut un coffrage à cet endroit la pour faire intervenir ses potes le weekend et partager l’enveloppe d’extra sur le client qu’on vient de graisser, ventre plus au client pour avoir des prix ensuite avec son fournisseur...culpabiliser le client sur e fait qu’il va devoir stopper le chantier ou prendre du retard faute de réactivité et lui donner la solution qui va le sauver...à condition de payer et de préférence de "s’arranger".
Pour moi c’est simple, un devis est un devis ! Si ils ont mal évaluer leur boulot c’est à eux de compenser.
Le lendemain, même échange à peu de chose près, sauf que le ton est plus ferme. Ils profite de mon invalidité exclusive pour parler à G sur le trottoir en début de chantier. Bien que débordé on eu le temps de communiquer la veille, il leur ressert donc le même discours en y ajoutant sa décontraction et sur humour social légendaire. Décu l’artisan se fait ensuite plus distant.
Le sur lendemain je missionne une amie lors de sa visite pour prendre quelques photos dedans, dehors pour que je puisse examiner l’avancement… Stupeur les chevrons n’ont pas été changé et le liteaunage est déjà bien avancé ! J’appelle l’artisan qui comprend pas trop et me dit qu’il a rien changé parce qu’après inspection tout était bon. Je lui dis que ca va poser problème parce que tout ca est payé et compris dans le devis ! Il change de couleur, prend une voix melliflu, se fait doucereux. Puis il rebondi avec affront : "A raison de 5 euros pièce ca retranche que très peu"
-"Mais vous économisez une bonne journée de travail sur les cinq prévues, soit 20% de votre activité!"
Il pâlit et pirouette pour se dégager: "le mieux c’est de voir ca avec mon chef, appelez le"
Ce que je fis après avoir laissé décanter l’émotion du moment. J’espérais que le pauvre homme soit réellement dans la situation accidentelle qui l’avait contraint à passer le chantier à Mr L et ce fut le cas. On plaisanta d’abord sur nos situations réciproques de grands blessés et sur toutes les contraintes imposées puis demanda presce qu’avec certitude si tout se passait bien
- pas vraiment, c’est justement pour cela que je vous appelle. Surpris il me fit répéter.
J’ai pas tergiversé, rappelant ce qui était convenu et la tournure que ca prenait. Il me proposa de rembourser le matériel et je du insister sur l’aspect dérisoire de la chose… Je finis par proposer la reffection totale de la gouttière en zinc coté rue en échange. Insistant sur le fait que ca exposerait un travail valorisé et minutieux. Il accepta ! Ouf !
Satisfaite de simplement ne pas mettre fait avoir en étant en position de vulnérabilité je pu enfin souffler.
Dans l’après midi G sorti détendre l’ambiance lors qu’ils eurent terminé. Le charpentier disposé à échangé balança quelques banalités et osa évaluer la maison ! La surestimation (sous prétexte qu’elle appartient a une des villes les plus coté...) fut assez parlante. G expliqua les conditions d’achat, l’état des lieux, la somme de travail… et l’homme diminua son discours tout en connotant progressivement un rapprochement avec sa propre condition d’investissement à 40 km d’ici.
En échangeant sur ce cet instant je compris que ces préjugés sur le fait que ce sont des ouvriers (travail physique difficile, voire arasant, sous payé...) qui interviennent chez des plus riches (qui ont la possibilités d’acheter au coeur des villes des maisons habitables à plusieurs centaines de milliers d’euros...) justifie les petits extras et les rallonges mises en place dans des conditions d’extorsions déculpabilisantes, justement parce que ces pensées de facilités sont alimentées par ces préjugés...
Et moi que fais je de mon côté ? La même chose ! D’entrée de jeu j’ai été sur la défensive en connaissant leurs techniques… finalement les deux cotés se sont jaugés, on a déconstruit les préjugés, trouvé un terrain d’entente qui défavorise ni l’un ni l’autre et tout le monde est content :)