*cas de conscience*
Elle débarque parfois dans mes espaces comme un chien dans un jeu de quille ! Nouch est entrée dans ma vie en faisant du forcing ! Enjouée, dynamique, honnête, généreuse et bonne éducatrice, elle a tout pour plaire. Alors malgré mes retisence et ma volonté à ne pas mélanger le travail et mes amitiés, je l’ai laissé s’imposer malgré le fait qu’elle a de toute évidence une forte indiscipline à préserver les limites de sa vie privée et par extension celles des autres ! Bref elle est adorable bien qu’elle soit envahissante. :)
Hier soir alors qu’elle me racontait sa vie sur FB, je lui demande si elle a paramétré son compte pour que son ex ne vienne pas l’espionner comme il a toujours aimé le faire. Tout en lui parlant je lui montre ce qu’il serait en mesure de voir si il faisait comme moi. Quelques clics et je me retrouve sur la page de son nouveau chéri à glaner des infos interessantes. Par la même occasion je survole sa liste d’amis et là je reconnais une connaissance à moi Maelle ! Son identité est vite confirmée en parcourant sa page et nos amis en commun. Surprise de ce petit clin d’oeil du hasard je le signale spontanément à Nouch et on passe vite à autre chose.
Deux jours plus tard je lui propose de venir faire un tour avec son fils pour lui montrer mes bons plans en ville afin de lui trouver un vêtement d’hiver de marque à pas cher… Alors que son fils flanait bien loin dans les rayons elle me parle discrètement de l’avancement de ce qui va bientôt pouvoir appeler un couple ! ;-) Dans la journée j’apprends que Maelle n’est pas une simple copine mais qu’elle a eu une brève aventure avec le nouveau copain de Nouch. Là mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai essayé très vite de le dissimuler !
Huit ans plus tôt j’allais voir mon meilleur ami qui venait de s’installer en colloc avec Maelle. Comme moi il la connaissait depuis une bonne dizaine d’année. Lorce que je suis revenue de l’étranger il a eu la bonté de m’héberger le temps que je trouve un logement. Cette petit vie commune a été stimulante pour lui. Puis il a vécu quelques années avec sa copine dont il s’est séparé, en ayant beaucoup de mal à s’en remettre. Alors se voyant célibataire pour encore un moment et ayant l’envie de vivre en à plusieurs il a naturellement proposé à Maelle et sa fille de prendre une colloc.
Bien qu’il fut si longtemps proche de nous deux, nous ne nous étions croisé qu’une fois en fête alors que j’avais à peine vingt ans. Un petit repas s’imposait donc pour mieux faire connaissance. Je compris vite pourquoi il était si attaché à elle. Un petit bout de femme avec une énergie considérable, pétillante et très sympathique.
Je fus donc par la suite très à l’aise de poursuivre mes habitudes et de débarquer chez Dan régulièrement.
Les mois passèrent et lors de mes visites je le questionnais occasionnellement pour savoir comment ce duo à caractère familiale se passait. Dan d’une grande douceur, parfaitement maniable et conciliant m’avoua manquer parfois de patience face à ses nombreuses exigences ! Allant parfois jusqu’à des engueulades "de petits couples". Surprise et soucieuse de savoir dans quelle mesure il vivait cela j’ai creusé un peu, demandant des exemples afin de le faire verbaliser. Ce qu’il me décrivit me fit d’abord penser à des t.o.c mais je n’en dis rien. Face à mon inquiétude naissante il me dit pour l’excuser qu’il comprenait ses demandes, qu’elle était malade, qu’il ne pouvait m’en dire plus car il en avait fait la promesse…
Je l’ai laissé délivrer ce dont il avait besoin et le sentant mieux nous sommes passé à autre chose. Mais toutes ces observations ont fait leur chemin en réflexion et mes doutes sur cette maladie se sont précisés en faisant de plus de plus de liens à chaque visite jusqu’à le deviner. Quelques semaines plus tard j’aidais Dan à démonter la machine à laver et il m’envoya chercher quelques outils dans le bas du placard de la chambre de Maelle. En passant près de son lit je vis sur le chevet une boite de médicaments que je reconnu tout de suite en tant que soignante. Je n’en dis rien sur le moment et rien depuis toutes ces années. Mais je sais depuis tout ce temps que Maelle est séropositive. Notre relation a continué comme si je n’en savais rien. J’écoutais donc avec empathie les excuses qu’elle trouvait en justifiant certains de ses comportements troublant.
De part leur cohabitation prolongée je sais aussi ce qu’il en est de ses nombreuses relations passagères. Ce que j’ignore c’est son sérieux à se protéger et a informer ses partenaires de cette maladie.
Savoir qu’une de mes amies risque de coucher avec un mec qui a couché avec elle est un peu perturbant ! Je sais que Nouch a eu peu de relation, qu’elle est assez " tradi " il y a donc de fortes chances pour qu’elle soit négligente comme beaucoup en se protégeant initialement puis en laissant tomber le préservatif avec le temps sans pour autant exiger un test dans l’intermédiaire. Je sais aussi que je ne peux pas mettre Nouch dans la confidence, c’est malheureusement la dernière personne à qui j’irai confier quelque chose tant cette notion de préservation lui échappe.
Quel vilain coup du hasard quand même ! Je me retrouve avec une info capitale que je ne devrais pas détenir et qui me torturera jusqu’à la fin de mes jours si je n’en fais pas bon usage.
On croit toujours que le Sida ne nous concerne pas, qu’il est loin de nous et pourtant il est là, dissimuler dans les tabous, les secrets entre amis, caché dernière le mépris de la société, il se tapis encore un peu plus, se faisant oublier...jusqu’à ce qu’on soit concerné plus ou moins directement.