Custo diariste

Soleil, soleil !!

Depuis quelques jours nous baignons dans une ambiance d’été indien. La grossesse étant à son apogée alors je limitais mes déplacements malgré mon désir d’être dehors en permanence. Le weekend en famille s’est décliné modestement en laissant passer la date de l’accouchement ! Encore une fois Bébé avait décidé de prendre son temps!
Le soir même faisant ce constat je me disais que dèsormais nous allions décompter les jours qui nous séparaient de ce maudit déclenchement prévu en fin de mois.

Au matin, après une nuit reposante assez rare, c’est la porte d’entrée qui m’a réveillée. MPL venait de partir travailler à plus d’une heure trente de route. Une petite appréhension promettait de ne pas me quitter de la journée, d’autant plus qu’il avait prit mon portable pour s’orienter.
J’entrepris de me lever et je fus surprise de constater que mon ventre me tiraillait comme lors des phases de pré-travail qui ont lieu occasionnellement. J’ai donc accompagné Bibi dans son petit rituel du matin sans m’en soucier. Il n’était que 7h, la journée s’annonçait particulièrement ensoleillée avec un beau 25°c ! De quoi sortir les jouets de plage pour aller gratter le sable au parc près des quais...
8H30 on traînait encore dans nos habitudes matinales pendant lesquelles je me disais qu’MPL devait commencer ses cours...
9h je couchais Bibi à la sieste non sans résistance. Juste le temps de faire un peu de rangement, de laisser un mot à MPL sur le fait que j’avais des contractions faibles mais persistantes "c’est surement rien mais je préviens au cas où elles gagneraient en intensité, dans ce cas je passerai le second pallier et il faudrait vite rentrer" !
10h Bibi se réveillait après avoir à peine dormi, j’avais juste pu prendre une douche et je constatais la présence nouvelle de nausées, j’avais aussi des bouffées de chaleur et des contractions plus intenses !

A ce stade je me suis empressée de contacter MPL pour qu’il rentre vite, j’ai pu constater à la relecture de nos échanges que j’avais oublié des mots, que j’étais consise. J’ai mis Bibi exceptionnellement devant une animation mais allongée sur le canapé elle tentait de me taquiner avec ses pieds. Mon agacement fut immédiat alors que ca n’arrive jamais ! Cette intolérance était inhérente au besoin de concentration pour laisser passer la contraction. J’ai donc demandé à MPL de rentrer rapidement, de prévenir son père pour qu’il récupère Bibi et la sage femme.
3/4 d’heure plus tard (une éternité avec Bibi qui était chouineuse et demandeuse) l’interphone m’alerta. J’entrepris de me lever du canapé péniblement pour ouvrir la porte par anticipation. C’est en faisant cet effort que je perdis les eaux!
Sachant que mon beau père allait entrer sous peu j’ai juste eu le temps d’attraper un drap de bain pour me couvrir le bas!
- "Entrez..." je soufflais en me tenant à la porte. Il fut surpris de me voir comme ca. ""je viens de perdre les eaux!"
Perplexe il accueilli Bibi qui se jetta dans ses bras et me dit après une seconde de panique "tu veux que je t’amène à l’hopital?" Pendant que la contraction passait, et sans que je puisse verbaliser quoi que soit, je bouillonnais de pouvoir lui dire ce qui vint ponctuer me moment "surtout pas! ! Vous pouvez appeler la sage femme, le numéro est sur l’étagère" Il allait être midi. Heureusement elle n’était qu’à cinq minutes.

Quel soulagement ce fut quand elle a passé la porte. Je sus que je pouvais lacher prise. Elle écouta le coeur de bébé pour le situer. comme il n’était pas encore engagé dans le bassin elle prit l’initiative de me mobiliser. Cinq minutes plus tard j’étais trois étage plus bas, appuyé sur le pignon de maison, incapable de bouger, en drap de bain et en haut de pyjamas ! Mon beau père vient me soutenir après avoir mis Bibi dans la voiture en attendant la sage femme qui rapproche la voiture. Dans cet intervalle une dame s’arrêta, descendit en trompe de sa voiture, nous dit qu’elle était infirmière et proposa son aide !

Tout juste installée dans la minuscule citadine j’eu ma première poussée ! Pas de doute, c’était le début du dernier pallier ! Arrivée à la maison de naissance 4 minutes plus tard il me fallait encore monter les escaliers. La seconde poussée eu lieu à mi parcours. La sage femme sachant par expérience qu’après la perte des eaux les seconds bébés arrivent souvent après quelques poussées seulement, m’encouragea pour les derniers mètres. C’est en passant la dernière marche que j’entendis enfin la voix d’MPL! ! Ce fut un tel soulagement ! Un moment incroyablement jouissif ! Motivée je fis alors les derniers pas sur le pallier.

Passée la porte de la chambre je n’ai pas pu faire autrement que de m’appuyer sur le support d’entrée et le bord de la baignoire. A partir de cet instant je n’ai plus été en mesure de bouger ! Les contractions s’enchaînaient sans répis, je sentais la force du bébé qui faisait son passage, la puissance du corps qui m’imposait son rythme, je ne contrôlais plus rien face à ce mécanisme archaïque. Je venais de prendre un train à grand vitesse en marche et quoi que je fasse j’allais arriver en gare !

La douleur était étonnamment supportable, en tous cas c’est ce que je me disais pour qu’elle le soit " on n’en meurt pas, je peux le faire, mon bébé arrive!" J’étais pétrie d’un mélange d’excitation face à une finalité qui ne pouvait qu’être salvatrice et au bord de l’angoisse face à ce corps qui se vit seul et en toute puissance.

MPL m’épongeait le front m’offrant un bien être essentiel. Je compris après cela pourquoi toutes ses femmes sont en sueur dans les films :D On a vraiment l’impression de vivre le plus gros effort physique jamais réalisé ! Les courbatures d’une semaine qui suivent confirme cette idée.
Quelques dizaines de minutes plus tard, toujours debout et appuyée contre le bain je fus prise d’une énorme sensation basse de brûlure! ! " C’est la tête qui passe, c’est normal ! Encore une poussée et bébé est là, vous voulez l’attraper?..."
Une poignée de seconde plus tard elle était là ! Toute chevelue, incroyablement chaude et rosée ! Rien que de l’évoquer les larmes m’emplissent les yeux ! C’était si fort… si fort… Je pus enfin sortir de ma bulle, voire MPL tout émerveillé et si ému. Quel moment!!!...
Mes jambes ne me tenaient plus. Allongée avec elle on attendit une bonne dizaine de minutes que le cordon cessa de battre. Quand ce fut le cas MPL coupa le coupa. Il prit JJ en peau à peau pendant la délivrance et les soins minimes qui suivirent.

Nous baignons dans la luminosité de ce début d’après d’automne, dans une chambre faite d’un camaïeux d’orangés d’ocres, de jaunes et nommé Soleil. Nous baptisions notre fille d’un prénom parfaitement accordé avec cette ambiance et vivions toute l’intensité de nos émotions avec une grande liberté de temps et d’espace.
Les deux sage femmes ont été tellement discrètes et efficaces que j’avais l’impression que nous n’étions que trois, MPL ma JJ et moi.
On passa l’après midi à souffler, nous reposer, nous restaurer avec un bon tajine et en contemplation devant cette petite beauté qui prit sans tarder sa première tétée!
Elle a les traits fins, de grands yeux bleus, de longs doigts, le bas de mon visage, un petit nez tout mignon et les cheveux brun et raides ! Tout le contraire de sa soeur! ! :) Après quelques formalités et après avoir enterré la placenta sous le pommier, nous sommes rentrés à la maison. J’avais l’impression qu’on m’avait allégée de 10kg, que mon ventre allait se dérober à chaque pas, qu’un rouleau compresseur m’était passé dessus! ! Mais j’étais incroyablement heureuse que tout se soit aussi bien déroulé. On avait forcement une bonne étoile avec nous ce jour la car tout s’est fait juste au moment où il le fallait et comme il le fallait pour qu’on puisse être aussi satisfait.

Je reste très surprise et marquée par cette expérience d 'accouchement physiologique; la nature a tout le pouvoir sur nous à cet instant, nous ne contrôlons absolument rien, elle nous impose sa force de vie pendant lequel il nous est impossible de nier cette animalité primitive intrinsèque. Je comprends mieux maintenant comment certaines femmes ont pu enfanter encore et encore en se sachant capable d’être équiper pour cela.

Une semaine vient de s’écouler depuis la naissance. Vivre sa convalescence à la maison avec sa sage femme qui vient une heure par jour est vraiment confortable. Je peine à comprendre qu’à remboursement équivalent, on puisse choisir le milieu hospitalier, d’être dérangé jour et nuit par des allers et venu, des intrusions constantes dans la prise en charge du bébé, son intimité… J’ai pu profiter de Bibi, elle a pu profiter et intégrer l’arrivée de sa petite soeur sans se sentir mise à l’écart…
Comme la sage femme l’a notifié dans le suivi :D ce n’est "que du bonheur!"