1 an et 2 mois
J’ai quitté la maison avec ma valise en sachant que je n’y reviendrais probablement pas. Mais tout n’étais pas si claire entre nous. Je ne saurais dire encore aujourd’hui si j’ai manqué de courage où si l’ignorais vraiment. Ce que je savais c’est que je fuyais cette situation ambiguë et assez malsaine pour m’indisposer.
Dans quelques coins de la maison des bouts de moi trônaient comme des rassurances sur un retour possible. En réalité quelques semaines plus tard ils les entassait dans un carton dont il ne su que faire. Quelques vêtements, objets usuels et ... un agenda scolaire qui me servait de journal !
Peut on réellement penser que je l’avais laissé là par hasard ? Avec le recule je sais maintenant que non. Mais sur le moment ce n’était qu’un acte manqué. Un peu comme si j’auvais laissé des petits cailloux de vérité destinés à être assemblé. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé quand un jour il ne pu s’empêcher de monter au grenier dans un moment de nostalgie, de fouiller ce carton en vu de s’imprégner de moi, de compenser les milliers de kilomètres qui nous séparaient, de piocher quelques pièces manquantes pour donner de la cohérence à notre histoire, qui sait quelles étaient réellement ses motivations ? Ces lignes se sont offerte à lui, à son désespoir qui a justifié cette violation d’intimité qu’il n’a surement pas conscientiser sur le moment.
Quelques jours plus tard sa voix chaude et chancelante m’exprimait au téléphone cette révélation chargée d’amertume et de regrets… et on décida de comme un accord de ponctuer notre relation. Je lui ai pardonné dans la foulée ce pillage de mon intimité en ayant lu mon journal. Probablement parce que je savais qu’il était implicitement destiner à lui faire savoir ce que je ne pouvais lui dire.
Quelques semaines plus tard et sans que j’ai eu à le lui demander, il déposait ce carton chez ma mère. Il se dépossédait ainsi de moi en renonçant à tout ce qui m’appartenait encore.
Si je vous raconte cette histoire qui a eu lieu il y a plus de dix ans c’est pour faire le lien avec ce qui se passe entre J et moi. Un an et deux mois plus tard il n’a toujours pas renoncé à ce qui m’appartient et le conserve encore jalousement comme on s’accrocherait aux reliques d’une personne aimée dont on ne peut se résoudre à faire le deuil. "Tourne la page J, mais fait le correctement. Pas en faisant un feu de joie et de vengeance avec les pages de mon journal mais simplement en me le restituant", comme mon amoureux de l’époque l’a fait avec beaucoup de maturité alors que nous n’étions que des jeunes adultes.
Bien sur ce journal contient notre histoire intime et je comprends bien que c’est aussi pour cela qu’il s’y accroche avec autant de ferveur. Mais c’est avant tout mon histoire de vie, bien au delà de lui, bien au delà de nous.
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A tous les diaristes amis :
"Les grands périls ont cela de beau qu’ils mettent en lumière la fraternité des inconnus".
"Les misérables". Victor Hugo Tome 2
Face à tous les témoignages de soutien reçu suite à cette exclusion de diariste ainsi qu’à votre sollicitude actuelle, je tiens à tous vous remercier.
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Hier:
- mauvaise surprise : on annonce un hic dans le procédure. Le rendez vous est pris pour mercredi. Entre l’attente de mes tests gynéco et ceux de la génétique parentale, en quelques secondes ont suffit pour que tous les scénarios me passent par la tête!
- Bonne surprise : Je suis sélectionnée par l’équipe pour la critique de mon premier bouquin ! \o/