Custo diariste

*La rencontre*

"la sensation est étrange, je me plonge dans ses lignes brumeuses et je m’y perds. Comme égarée dans un labyrinthe de mots, j’essaie de ne pas perdre de vu le chemin pressenti de mes pas sans savoir quels contours je vais devoirs prendre. Le temps s’arrête, je pense mon avancée rapide tant elle est fluide et pourtant je ponctue une heure et demi de lecture en n’ayant lu qu’une quarantaine de pages ! J’ai l’impression de plonger dans un rêve ou tout est perçu comme féérique, impalpable… cette confusion de perception due à ce monde presque intermédiaire, ne me permet ni de me réjouir d’y être ni de vouloir m’en extraire ! Cette hyper sensibilité de l’auteur est vraiment hors normes ! On a sentiment en début de lecture de se laisser happer par des méandres presque délirants puis on décele le file conducteur des pensées d’un enfants dont l’imprégnation au monde qui l’entour est atypique. Mais pour le voir il faut prendre de la hauteur… son oeuvre est le mille feuille de son être semble t il..."

Son univers mondain est vraiment très intéressant, d’autant plus qu’il nous met à la table des mondains, nous impose presque en salle dans cette époque pour y entendre quelques dialogues, y saisir leurs préciosités...et toutes les interactions familiales qui constituaient son premier tissus social…
J’ai été surprise par ses connaissances (notamment en médecine quand il décrit les effets des médicaments, parle d’anesthésiques qu’on connaissait peu à l’époque...quoi que son père était médecin alors...) et je me suis demandée s’il avait lu Freud parce qu’il utilise beaucoup les champs lexicaux de la psychanalyse qui en étaient à ses prémices au début du siècle.

Pour l’instant je t’avoue me sentir dans le flou face à ce livre. Comme s’il me déstabilisait ! C’est un peu comme si on me proposait d’entrer dans un sas où mille émotions pouvaient me traverser avec fulgurance sans savoir comment j’en ressortirai. Je lis donc par curiosité comme si je cherchais à évaluer le danger à me laisser happer par ses lignes...alors que je sais que pour la vivre pleinement il faut surement accepter de s’y perdre et de s’y abandonner.

J’écrivais tous ces mots qui précèdent à un proche qui m’a invité à lire Proust. S’il ne l’avait pas fait je serai probablement encore bloquée par les préjugés de lectures élitistes que je prêtais à cet auteur. Je réalise avec beaucoup de plaisir que ce n’est pas le cas.
Quand j’ouvre ses pages je passe un sas qui me projette dans le lyrisme, un monde où mon âme trouve un écho à ce qui l’anime, où je me reconnais en lui à en perdre toute singularité...
Lire Proust c’est faire une rencontre, celle d’un homme qui se fait transparant à travers un livre dont il se défend d’être autobiographique mais dont les similitudes avec ce qu’on découvre de lui en parallèle, sont étroitement liées. Pour un peu qu’il vous inspire, ce qui est mon cas, et c’est l’engrenage pour des milliers de pages en perspective!
Je sais déjà que je me souviendrai de cette rencontre toute ma vie…