*Assistanat*
Ce sont les toutes premières journées de printemps...hAAAAaaaa que ca fait du bien :-)C’est de loin ma saison préférée. Je revis quand elle est là. Comme une plante qui s’éveille à la vie je sens que je me régénère en prenant le soleil…
C’est un moment de renouveau, d’effervescence… Depuis deux ans nous le vivons pleinement à travers le jardin collectif. On a intégré ce nouveau projet pour mettre ne pratiques nos idées sociales. Nous avons à quelques pas de chez nous une cité des années 70. Quand nous avons acheté ici j’ai été surprise de voir notre côté de rue aux belles allées, aux hauts portails réhaussés de statues...et de l’autre les immeubles décrépis, face à face d’une misère sociales évidentes…
Il est bien beau d’avoir des idées mais comment en juger les fondements si on ne les expérimente pas. J’ai toujours été socialiste dans l’ame. Mes parents m’ont inculqué les valeurs humaine avec une force de conviction incroyable. Mise en pratique à travers une multitude d’exemple de vie et d’investissement tant personnel, de terrain que financier.
Ils m’ont fait rêver…
Etant inspirée, socialement imprégnée mon choix de métier s’est naturellement tournée vers les autres. J’aime "prendre soin". Douce, attentionnée et passionnée j’ai toujours su que j’avais beaucoup à offrir. Aujourd’hui je suis flattée d’entendre mes collègues ou mes patients me dire occasionnellement qu’il me sente "dévouée", j’avoue, c’est une fierté et une récompense suprême pour moi…
Quel rapport avec le jardin ? J’y viens...hier j’ai profité comme tout le monde de ses premiers rayons de printemps. Je regardais les narcisses, les crocus quand une dame à vélo s’est arrêtée. Une prestance hors norme, une élocution soignée, un vocabulaire faussement accessible, une allure choisit pour paraître décontractée et un petit quelque chose de surjoué… j’ai percuté ! Une politicienne :-) Curieuse je me suis approchée…
Effectivement c’était la candidate des verts de ma ville! ! Et oui les élections approchent alors ils sortent le vélo :D le cliché des bobos ! Enfin elle était bien gentille. Le jardin était plein de monde. Et quel beau monde :-)...Paul accidenté de la voie publique qui peine à marcher et a s’exprimer de façon audible, Claude l’ancien jardinier en manque cruel de reconnaissance, Mireille qui se promène toujours un livre a la main, qui n’a pas de parcelle mais vient se délecter du monde pour parler de ses lectures, tous les curieux avoisinant qui squatent leur balcon faute d’avoir d’autres distractions…
Tout ce petit monde habite la cité. Très peu d’entre eux ont un travail. Quand ils ont compris qui elle était les demandes ont commencé à fuser ! "Commencez par nous donner un travail...de plus grands logements..." On aurait cru que c’était le père noel!!
J’aime cet aspect hétéroclite, j’aime cette mixité sociale qui est ma raison d’être ici, j’aime prendre du temps pour aider, converser même quand ils ne décrochent pas de ma clôture et me regarde travailler la terre… j’aime me dire qu’en faisant ca je lutte contre les clivages sociaux...mais je déteste ce discours d’assisté! !
Quand les jardins ont commencé chacun à "investi" sa parcelle. On a été quelques uns a retourner la terre, définir les contours, commencé à planter...et d’autres se demandaient qui allait leur passer le motoculteur ? Qu’est ce que la ville allait leur apporter comme semence ? Quand le responsable allait commander et leur apporter des composteurs ? Et qui allait enrichir leur terre?! ! Dès qu’il leur faut quelque chose c’est à la ville qu’ils demandent ! Quel reflex d’assisté ! C’est justement contre ca qu’il faut lutter. "Tu veux des tuteurs pour tes fraises ? Bin va te balader et récupérer des bambous ca coûte rien. Tu veux empailler va ramasser l’herbe de tonte des parties collectives..."
Qu’on soit dans l’ignorance par manque de ressources et de capacité de rebondissement parce qu’on est limité intellectuellement je peux comprendre. Qu’on soit limité physiquement à cause d’un handicap ou d’un accident là aussi je comprends mais qu’on choisisse l’assistanat comme seul solution ca non je peux pas!
Voilà où s’arrête mes limites de tolérance sociale.