Je courrais sur un bord de route nationale dans un décor forestier Nord américain.Un vif sentiment d’empressement me fit comprendre que j’étais dans l’urgence mais je ne savais pas si je courrais pour ma survie, pour fuir...Sur ma gauche est apparu un motel. A bout de souffle et complètement déshydratée je suis passé par l’arrière. Comme si je connaissais l’entrée des cuisines ouvertes j’y suis entrée aisément. Je remplissais ma bouteille d’eau à la hâte quand une dame est apparue, le visage crispée et surprise:
"faut pas vous gêner!"

Sans prêter attention à son agressivité une question m’est venue spontanément:" Je coure en étant enceinte?!" Je regarde mon ventre : rien! ! Tout plat comme avant ! Un sentiment de vide extrême m’a envahit brutalement. Alors je l’ai regardé désemparée:
"je vais demander du secours...on m’a prit mon enfant!!" Sans attendre plus je suis partie aussi vite que je suis entrée. De nouveau en train de courir, les larmes partaient au vent et je mettais autant d’efforts dans ma course que dans ma résistance à ne pas craquer. Une pancarte gendarmerie est apparue sur le côté et j’ai redoublé d’efforts pour y arriver encore plus vite. Où était il ? Qui me l’avait pris et pourquoi ? J’étais viscéralement déchirée ! Animée d’une force incommensurable et pétrie d’une détresse inégalée.
Je courrais encore quand le réveil à sonné et m’a libéré de cette atroce souffrance.

Au déjeuner, encore toute pétrie par ce sentiment d’attachement extrême, je me disais : "mais comment puis je avoir une telle force d’émotion pour ce petit être que je connais à peine?!" , "sommes nous tous ou toutes programmés à nous sentir liés aussi fortement par les tripes à notre chaire?" J’imaginais que ce sentiment se mettrait en place avec le temps, j’étais loin de me douter qu’il serait si intense et déjà présent.