Custo diariste

*Entre les lignes...*

Le véhicule à peine remis à son emplacement je m’empresse de remettre les clés a Sam'. S’en suit une fouille effrénée de mon sac en espérant trouver rapidement les papiers qui vont avec ... maladroitement il m’échappe et je renverse son contenu massif sur le bitume ! *la honte...* On se précipite pour tout ramasser et sa gène atténue finalement la mienne. Quelque chose semble lui brûler les lèvres. Le connaissant un peu je n’ai qu’a attendre que ca sorte !
- "Mais.. ? Mais qu’est ce que tu fais avec des blocs notes ? tant de crayons… et un livre?!" :) *il devait s’attendre a ramasser une brosse, du maquillage et mes nanas!*
- "Heu, j’en ai toujours un sur moi...pour les temps morts..." *Quelle ringarde!... mais je m’en fou!* :D Certains se gavent de tv, d’autres de smartphone pour se liquéfier le cerveau, se détendre… moi pour décrocher je lis ou j’écris, ca toujours été comme ca.

Un après midi j’avais donné rendez vous à tous mes jeunes dans un bar non loin de chez moi...un sms d’une collègue me prévient de leur retard… Bien que le hall fut aussi bondé de monde que l’extérieur avec en plus le brouha des passants venu faire les dernières soldes, plus le manège… je me suis trouvée un petit coin tranquille… il a suffit d’une minute pour me mettre dans ma bulle et me noyer dans des lignes qui m’ont mené bien loin de tout ca...
Ces derniers jours c’est avec Jerouen Brouwers que j’ai trouvé quelques heures de bonheur…

"l’éden englouti"
Comme je le disais à l’ami qui me l’a conseillé "heureusement que je ne me suis pas arrêtée au titre!"
Ce petit livre se déguste comme un bonbon. En deux bouchées je l’ai terminé!
JB y décrit la période heureuse de son enfance à travers ses yeux d’enfants. Ce que j’y ai vu et apprécié en miroir a été ses traits de naïveté, sa simplicité et toute la magie démesurée qu’on peut avoir du monde à cet age de pureté. Malgré tout et parce que c’est JB, on y retrouve des traces, des pistes de son mal être "je ne voulais pas être là...je ne voulais pas vivre" Mais comme il le dit:
- "heureusement-ceci n’est pas un livre d’histoire ni de chroniques familiales- c’est un livre de rêve."
Mais pas que car il ajoute:
"je m’unis à mon autre moi- un reflet. Je me rêve. Je suis un être fictif"
Un être perdu entre songes, souvenirs écrans, brides de réalités et confusions d’émotions ... le tout décrit dans une dentelle textuelle en pointillés que je ne connais que chez lui.

C’est un torturé assumé, un "ensorcelé par le désamour" comme il dit. Et ce livre permet de porter sur lui un regard psychanalytique intéressant.
Je me suis délectée de ces souvenirs forts relationnelles.
Avec son grand père qui brille d’admiration pour lui. Après avoir été balayé par une onde de choc du a un explosif alors qu’il jouait il se souviens:
- "je ne risquais rien… j’étais assis sur le bras de Dieu"
La relation avec sa mère est marquée par un souvenir magnifiquement décrit lors ce qu’il apprend à nager.
Son père qu’il aime et a qui il fait subir son "indigence lexicale"... que de moments marquant, que de douleur aussi à travers tout cela ! Des états de crises d’angoisse calmée par mutilation de quasi noyade...!
Je garderai l’image de ce petit bonhomme assis près de la piscine à l’indonésienne, caché dernière son chapeau colonial qui lui sert d’objet transitionnel, rêveur...et qui montrait déjà une certaine hostilité au monde.
-" Toute ma vie j’ai été faché avec le monde entier… personne ne m’a appris a caresser" et pourtant il a su transmettre dans ce livre une bien belle part de lui…

*merci MPL ;-)