Custo diariste

Fin de période

J’ai bien cru que j’allais devoir renommer Cruella à la rentrée tant elle avait changé en mon absence ! Nouvelle coupe, dix bons kilos en moins, toute froufroutée, pompounnée et affreusement breloquée de partout mais, beaucoup plus énergique ! Quelle reprise quand même. Le centre est une vrai ruche où tout est rythmé en début d’année pour limiter ensuite les réajustements (quand même très nombreux tant le personnel éducatif est contestataire et indiscipliné ! Un comble quand même), alors après presque trois mois d’absence passés quasi inaperçu (les arrêts semble bien trop fréquents et aisés dans le domaine) on m’a délivrer les infos comme si je m’étais absentée pour un rhume !
Heureusement Nouch qui vit comme elle travaille et travaille comme elle vit, ne m’a pas quitté en restant en contact quasi permanant tout ce temps (j’avoue que je me suis sentie tout ce temps écartelée entre la gratitude de sa sollicitude et la contrainte de ne pas pouvoir décrocher du boulo tout autant que de me coltiner les ragots dont je me désinteresse totalement!).

Les premières semaines (toujours très courtes et morcelées) ont été sport et sont passées très rapidement. Dès mon arrivée on m’annonçait des synthèses sur des dossiers avec des rencontres familiales et pluridisciplinaires que je devais présenter avec aplomb alors que je n’étais pas là ! Autant dire que j’ai eu un coup de chaud bien stimulant d’entrée de jeu...
Je réalise avec un peu de recule que ce n’est pas le travail avec les enfants qui me sollicite le plus en énergie (avec eux tout est simple ou presque et ce malgré le handicap), mais concilier avec les adultes est un vrai challenge !

L’institut fonctionne comme une grande famille où la considération, le respect mutuel, la politesse ont démesurément leur place, mais pour que tout ca fonctionne il faut jouer le jeu de l’hypocrisie, repérer le bouc émissaire, jouer de stratégies et d’alliances (seul versant qui me fait regretter mon job précédant)... comme tout groupe sociaux finalement, il faut faire sa place et jouer un peu des coudes.
J’ai donc du mettre beaucoup de mon énergie d’adaptation à l’analyse des comportements pour cerner au plus vite les personnalités et positions de chacun. Je constate à mon grand soulagement que la balance relationnelle penche du bon côté. Massivement les gens se soutiennent et se respectent malgré la grande diversité de personnalité de l’équipe.
Je vois bien qu’on m’observe, me questionne pour créer des accroches, on me test où me met au défit (surtout Cruella la perverse!) et que ca les perturbe un peu d’en savoir si peu sur moi. J’ai tant travaillé à avoir la bonne distance professionnelle il est désormais presque contre intuitif de faire autrement.

L’effort de second plan se trouve dans le fait de m’ajuster à leur minutie d’inquiétude. J’ai l’impression que tout est mis sur le même plan de priorité pour eux ! (surtout pour Cruella qui est constamment dans l’hyper démonstration, c’est exaspérant!).Un gamin lève le petit doigt de travers et on est une quinzaine à en parler à la prochaine réunion, pareil s’il faut acheter deux crayons, ou si un fauteuil à 8 milles euros a été perdu ! Ayant bossé seule des années et habituée à faire le grand écart entre des moments de soins ritualisés et des urgences vitales, j’ai l’impression que cette super amplitude à laquelle je m’étais habituée fait que je peine à m’adapter à leur échelle dont je dois tirer des interprétations avant d’évaluer la gravité et l’urgence des faits ou des demandes.
Hier après une belle soirée d’activités avec les enfants et bien qu’il y eu un gros soucis de comportement, je suis rentrée avec un sentiment de satisfaction au travail que je n’avais pas ressenti jusque la ! J’aime vraiment ce job :-)
Ce weekend c’est les vacances (et j’ai eu la bonne idée d’inviter quelques petits à dormir ! Ca va être sport ! :D)
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Citation du jour : Les yeux du coeur s’habituent à l’obscurité et même la plus douce des lumières devient aveuglante.
Mathias Malzieu "Le plus petit baiser jamais recensé"