Custo diariste

Il arrive...

Des crampes au milieu de la nuit ! C’est ce que je redoutais, que le travail s’amorce en nocturne...j 'hésite...je le réveille. "A ce stade de la grossesse ca ne peut être que ca!" On réveille les filles, 3h on arrive à la maison de naissance où Mel nous attend toute endormi sur le canap'. Papy récupère les filles sur le parking. On s’installe dans la chambre et se recouche.
11h les contractions s’intensifient, je me mets dans ma bulle quand elles s’imposent et je laisse passer la vague.
13 h je perds les eaux et je m’attends à ce que tout s’accélère mais seule la douleur monte d’un cran. MLP m’aide à changer de position, fait des impositions manuelles, surveille mon hydratation, m’encourage. Sa présence me réchauffe comme une bulle de protection, je peux me vivre sereinement malgré l’effort. Je le sens prendre sur lui, me soutenir corporellement, endurer des positions inconfortables...On accouche ensemble !

Après une bonne heure j’ai des doutes, les images mentales qui m’animent et mes sensations corporelles sont différentes de mes ressentis avec JJ pour qui des images de glissades me venaient. Cette fois j’ai une impression "coudée", "buttoir". Je fais confiance à ma sage femme qui m’encourage, me repositionne...Le temps passe, la souffrance grignotte mon énergie. Quand elle me propose de m’allonger pour favoriser l’écartement du bassin je sens que je m’épuise. Les contractions toutes les 3 à 5 minutes ne me donnent presque plus de répi et sont difficiles à gérer. La nuit est tombée depuis longtemps quand Mel revient, me donne l’heure, me dit que ca n’avance plus et que ce n’est pas normal, qu’il faut me transférer.

L’hôpital tant redouté, tant détesté et si traumatique s’impose encore à moi!
Dans ma tête et sans aucun préalable de réflexion je lui dis "pas de forceps, pas de ventouses, pas question d’acharnement par voix basse, je veux une césarienne!"
A genoux devant moi elle m’aide à enfiler un pantalon qu’on a découpé à la ceinture pour qu’il soit supportable. Je l’entends me dire " S, c’est un peu radical, il y a d’autres options tu sais...". "Non une cesarienne, il doit sortir au plus vite".
Le trajet à été des plus pénible. Arrivée aux urgences, je n’avais pour repère que l’activité sonore. Les yeux fermés je tentais de gérer l’insupportable. Le stress étant un inhibiteur de morphine autoproduite j’étais à l’apogée de ma souffrance et au bord de l’épuisement.
On m’a ausculté alors que j’étais en boule, en complaintes. Mel et Anth ont transmis mes volontés alors que je n’étais plus en mesure de parler… Si j’avais eu connaissance de la suite j’aurais peut être fait d’autres choix, des choix qui auraient été moins favorables pour mon bébé.

Le lit s’est mobilisé à grande vitesse "vite on l’emmène" et le vide de voix familières s’est imposé. Les rôles se répartissaient parmi le personnel. Une lumière éclatante me traversait les paupières toujours closes "on transfert". J’ai volé sur un plan dure. On m’a saisi les bras pour les écarteler "je pose la perf", en concomitance chaque soignant s’est jeté en pâture sur une partie de mon corps mi à nu sans ménagement ! L’un à jeté un champ sur mon ventre pendant que l’autre tentait de m’écarter les jambes de force à l’aide des coudes, l’autre m’imposait un masque étroit irrespirable pendant qu’un autre m’appuyait sur la trachée fortement provoquant une suffocation insoutenable. "Elle résiste à tout!" Tout ca sans un mot à mon intention, j’étais réduite à l’état d’objet à traiter. Une voix s’est détachée des autres "dans une minute c’est terminé madame" et j’ai sombré!
Après cet acte d’une extrême violence je me suis réveillée dans une grande salle vide et froide. J’ai cru entendre ou rêver la voix d’MPL "comment tu te sens?" Une seule pensée m’a animé : "Il va bien ? Tu l’as vu ? J’ai du mal à respirer!..." J’ai cligné des yeux il n’était plus là. Le personnel est venu me chercher pour aller en salle de soin....