Custo diariste

La sommation des cons!...

A l’abris dans son cabriolet F s’arrête au feu et regarde par la fenêtre. Au coin de la rue elle observe une femme, modestement vêtue qui tente de monter avec sa poussette dans le bus. Contrariée d’aller bosser F crispe le volant. La compassion s’impose malgré elle,"ca doit pas être simple tous les jours de ne pas avoir de voiture...". Tout un coup une pensée fugace l’interpele et fait trace,"en tous cas elle doit aller où elle veut...contrairement à moi...et si c’était ca le bonheur ? Etre libre de faire ce qu’on veut?"

Deux heures avant le récit de cette pensée anecdotique raconté par ma belle mère sur le canapé familial, on parlait justement de ce sujet dans l’auto. Pendant les une heure vingt de trajet qui précède notre visite dominicale on a parfois le loisir de parler quelques dizaines de minutes sans que les enfants n’interviennent. Le confinement de l’abitacle couplé au confort routier nous incitent à la réflexion, à l’analyse et parfois à la confidence.
MPL évoque régulièrement la rencontre familial à venir, sa relation parentale et son évolution sur cette dernière décennie. Il nous arrive de constater avec tristesse que les conventions représentent la pointe de l’iceberg et que notre intimité immergée ne leur est pas accessible faute de volonté de partage de notre part.

Il faut dire qu’un monde nous sépare. Il est parfois douloureux, surtout pour un enfant, de constater qu’il ne peut être compris dans ses convictions, qu’il ne peut pas partager ses opinions faute d’être dans la même dimension réflexive, qu’il ne peut affirmer ses ambitions qui sont tous autres que la quête du confort inhérente à la consommation. Quand les profondeurs d’âme sont à la fois intriquées par les liens du sang, tout en étant cloisonnées et impossible à partager, on ne peut que renoncer à se révéler tel que l’on est. Dans ce cas on doit trouver du sens à la relation parents-enfant pour préserver ce qui nous lie à vie, les sentiments.

Dans l’auto, je disais à MPL qu’il est illusoir de penser qu’ils puissent changer à leur âge. Ils leur faudrait remettre en question un mode de vie, des choix ritualisés de consommation...impossible. Comme tout le monde, ils travaillent pour s’offrir du confort, une plus belle auto, le dernier smartphone, encore des vêtements, refaire les peinture, la déco...avoir du plus, toujours plus… consommer, dévorer ce monde avec le seul soucis de briller, de montrer sa richesse matériel...
Que tout cela sonne creux pour nous !

Cette sommation des cons, c’est justement ce qui nous écoeure et c’est tout ce qui nous entour en permanence. On trouve de la valeur dans ce qui anime les Hommes; l’esprit critique, la diversité des êtres, la culture… Pourtant on vit dans un pays ultra libéral, motivé par la course au fric ! Alors qu’on oserait même pas dire nos salaires à nos amis lorsqu’on vient en France, on parait très modeste comparé à notre entourage ici où les maisons à plusieurs millions se voient par dizaines sur le chemin de l’éole! !

Quotidiennement on sent et se voit en marge de la société sans que cela puisse se voir d’extérieur. C’est une grande gymnastique d’esprit pour donner de la cohérence entre ce monde de surface où on poli nos facettes sociales et ce qu’on a le privilège de partager dans notre intimité. Heureusement, on peut être entier l’un avec l’autre.

On se demande depuis peu, comment vont réagir nos enfants quand ils prendront conscience de ce grand écart entre ces deux réalités ? Si on était conventionnel, ses deux aspects se confondraient , nos enfants adhéreraient, se formateraient et rentreraient dans le rang en toute logique. Mais on espère bien en faire des être pensants ! Notre grande ambition est de développer leur potentiel et surtout leur esprit critique même si pour cela on doit prendre le chemin éducatif le plus chaotique, parce que notre conception du bonheur est avant tout une quête intérieur inextricable de notre authenticité.