Custo diariste

*Un petit tour et puis...*

Le printemps était bel et bien là, accompagné de son éternel envie d’évasion. J’ai opté pour cette rando faite il y a déjà de cela 4 ans ! (j’en ai d’ailleurs le récit sur un texte de mon journal toujours séquestré sur diariste). Je me souviens y être allée avec la petite qui du haut de ses dix ans avait vu cette balade comme l’exploration d’une autre planète ! Il faut dire que le paysage y est si atypique, il est donc aisé de s’y projeter ainsi.

Un petit détour m’a amené devant un portail curieusement fermé à clé ! Ceci couplé au fait que la sonnette ne fonctionnait pas, j’ai du enjamber la clôture du fond du jardin comme une voleuse en espérant que les voisins d’en face ne soient pas derrière leurs fenêtres prêt à appeler la police pour effraction ! :) Entrée en catimini dans la cuisine j’y ai trouvé mon père encore tout endormi et bien surpris de voir sa fille chérie de si bonne heure ! Nos embrassades furent rythmées aux ronrons de la caféière qui finissait son œuvre.

Étonné de me voir si inhabituellement apprêtée, il a fixé un moment mes chaussures peu gracieuses.
- Ho je me suis équipée pour randonner dans le coin et j’ai pensé que peut être tu voudrais venir avec moi au lac?
Son oui franc et sa joie spontanée m’ont empli de joie. Un petit café et nous avons profité de l’endormissement du reste de la maison pour filer à l’anglaise. Amusé par cette évasion il rit de bon coeur une fois sur la route ! :D
Ha mon vieux père… j’ai tant d’affection pour lui. S’il n’avait pas marié et aimé cette marâtre peut être aurait il été plus heureux?... En tous cas j’étais bien contente que la chance fut de mon côté ce jour la, qu’elle ne put prétexter d’autres engagements pour le soustraire à mes propositions qu’il aime tant.

On fit d’abord le tour du terrile. Un paysage minéralisé, pailleté d’étain et de pierres blanches que des petits bons hommes en BMX venaient d’explorer et de refaçonner ! Penché au dessus d’une petite marre où l’eau limpide exposait des masses prises dans des algues, je lui montrais la production des reinettes:
- rho tu te rappelles quand j’étais petite et que je te ramenais des têtards dans des bocaux pour les voir grandir?
- Tu étais déjà bien curieuse de toute cette nature ^^
J’ai tant de souvenirs en lien avec elle qui me ramène à lui et a tout ce qu’il m’a permis de découvrir sur mon environnement…

Quand on entreprit une heure plus tard d’escalader les 120m j’eus de la peine de constater le doute sur son aptitude à l’ascension en une seule fois. A mi chemin des nombreuses marches il s’arrêta pour contempler le paysage, me montrer ce qui apparaissait déjà, me nommant les différents clochers qui pointaient sur l’horizon… et il reprit son souffle par la même occasion. Bienveillante j’ai alimenté les observations jusqu’à ce qu’il me paru prêt à repartir. Et j’eus le temps de comparer cet homme fatigué à celui qui me parait si fort quand il avait mon age et qu’à mes dix ans on jouait au foot les soirs d’été jusqu’à épuisement.

Bien que son énergie journalière fut déjà bien entamée il voulu faire l’autre partie et profiter encore une bonne heure de ce temps si rare qu’on pouvait partager. De l’autre côté un curieux lac aux profondeurs abyssales apparaissait entouré de bois en relief. Les hauteurs d’arbres semblaient avoir capturé l’automne dernier qui se retrouvait piégé au sol ! Un généreux tapis de feuilles et de bois morts traduisaient cette enclave naturelle dans laquelle on s’immergeait. Les berges bien trop hautes n’offraient aucunes options de pause au plus près de l’eau. Toute la balade mon père parlait pour mon plus grand plaisir, sans discontinuer pendant près de deux heures ! Sa prolixité oisive témoignait à mes yeux de son plaisir à être là.
Voyant la fin du parcours arrivée il me dit:
- On a pas trouvé de coins propices à notre prochaine pêche mais on sait où revenir en automne pour les châtaignes.
Il semblait avoir retenu mon regret fraichement exprimé sur le fait de n’avoir pas pu en ramasser à cause de mon plâtre à l’automne dernier.
Ha quelle me parut courte cette balade de près de trois heures !

Dans la voiture j’ai profité de son repos pour le questionner sur sa santé, son moral… Je fus bien surprise de le percevoir tracassé au point d’en perdre le sommeil… il porte ce tracas depuis si longtemps que j’aurais presque espéré naïvement qu’il s’y soit accoutumé. La situation ne faisant qu’empirer, et son état moral ne peut que s’en voir dégrader...pauvre papa...
Enfin, pour nous récompenser de tout nos efforts j’ai fait un détour à sa boulangerie préférée ! :D J’en revenais pas en soupesant le paquet de pâtisseries ! Des énormités si appétissantes ! *-* C’est sur je n’ai pas en ville!
La soirée arrivait, quand mes autres soeurs prévenues de mon passage matinale, en ont profiter pour toute débarquer ! :) Comme lorsque nous étions plus jeunes la maison grouillait de cette ambiance effervescente. Ne sachant pas quand j’allais revenir chacun a profiter de quelques soins : coupe de cheveux pour mon père, manucure pour la petite… Des moments de partages rares et bien chaleureux...
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Pêle mêle:
- L’annonce des dix huit d’attente m’a quelque peu désespéré, quel coup du sort quand même ! Je ne peux m’empêcher de me questionner sur le sens que ca peut avoir...Le destin semble s’acharner à me détourner de ma route et je me demande bien pourquoi.
- Surprise ! Après toutes ces années je viens d’avoir des nouvelles de Najette ! Elle vit sur Paris...moi qui voulait justement aller y faire un tour ces prochains mois… que de bons souvenirs et de délires passés avec elle!...