Custo diariste

*plaisir solitaire*

Quoi qu’on en dise cette action ne peut se vivre que seule… Elle a toujours fait partie de ma vie. Insufflée toute jeune...douce transition faite entre chien et loup...transmission de savoirs et d’émotion tant par sa forme que par le fond.

La lecture ^^
La bonne habitude qui me liait à elle s’est effilochée avec le temps. Étiolée par les évènements de la vie qui nous imposent un rythme continue et sans repos. Substituée voire phagocytée par un monde de tout écran particulièrement dévorant.
Mais ce qui est passion ne peut être que somnolant quelque temps seulement.
Il y a quelques jours un ami m’a parlé de cet auteur : Jeroen Brouwers. A la recherche de livre destinés à meubler mon été, je me suis empressée de commander deux de ses ouvrages.

Jours blancs
Voici les brides de commentaires que je lui ai laissé :

-première impressions-
...une lecture avant tout sensorielle parce que j’ai presque pu entendre les oiseaux de sa campagne qu’il décrit si bien, j’ai presque pu entendre les feuilles s’écraser sous ses pas et sentir l’odeur des sous bois...
Je me suis laissée cueillir dès les premières lignes par cette poésie métaphorique...et je me suis dit que cette lecture s’annonçait toute en douceur puis j’ai douté...douté que ce style mièvre te contente!
Les prémices annonçaient la narration d’un diariste, forcement ce fut plaisant...mais pas très longtemps ! Le premier passage descriptif sur les femmes a marqué la couverture d’impacte de griffes sous la crispation qu’il a suscité. ^^
Je suis très vite tombée dans une cadence oscillante entre une version crue du personnage et une mise en forme poétique décalée ! Comment un même personnage peut il posséder ces deux facettes si opposées et rester cohérent?
L’intrigue du personnage à ce stade m’a accroché, beaucoup plus que son récit de vie qui s’annonce d’une grande banalité…

-le lendemain-
l’accouchement : je vois surtout naître sa part d’humanité. Son côté brute s’affine face à ce poupon auquel il se voit connecté malgré lui^^... le contenu du récit est ensuite peu glorieux, ni flatteur… quelle tristesse de voir cette homme construire sa vie d’intellectuel tout en gâchant sa vie affective et en la tuant dans la l’œuf.
Le plus décontenançant pour moi est de deviner à travers ce récit assez classique et prévisible, la noirceur de ce personnage, son pessimisme, son fatalisme.J’ai presque mal pour lui de voir qu’il perçoit la beauté de la vie mais ne ressent pas son pétillant
c’est assez marqué quand il revoit son fils et qu’il ne reconnait pas en lui ce qu’il lui disait pourtant étant petit : "tout abouti sur une déception". Au début de cette histoire tout semblait se dessiner clairement : le récit semi pathétique d’une âme noircie dès la naissance, destinée à errer au mieux jusqu’à sa finalité..."semi" parce qu’on ne peut se contenter de le réduire à cela, on ne peut se soustraire à l’empathie qu’il impose avec l’attachement profond, presque qu’atavique qu’il a pour son fils.

Au fil des pages tout se complexifie...le file conducteur du au hasard des rencontres avec son fils serait insipide pour bien des écrivains...mais pas pour lui!
Quelle finesse, il brode un point à l’endroit avec une narration fluide, un point à l’envers en intriquant les souvenirs qui dégrossit un personnage de plus en plus attachant!
J’ai aimé me promener sur ces lignes où pour la première fois depuis longtemps je me suis vu surprise d’y cueillir un mot que je ne connaissais pas, puis un autre...quel travail de traduction !

-le sur lendemain-
Je dirais que l’intelligence de cet auteur est avant tout émotionnelle. D’une grande justesse. Entière comme j’aime. Il m’a harponné lors de ce passage où sur la place publique à New York il voit sans comprendre, se souvenir d’un confettis qui tombe...et la reconnaissance incertaine de son fils qui s’impose à lui avec une fragilité touchante...
Les 50 dernières pages furent captivantes. Il m’a promener avec subtilité et faussement orientée sur ce que je pensais voir arriver; au bout de cet interminable couloir d’hôpital je me suis saisie de cette métaphore de fin de vie et m’attendais vraiment à le trouver mort. Je me suis dis à ce moment que la tragédie serait cohérente tant pour ce père qui aura tout gâché que pour ce fils qui aime tant l’expression scénique.
Alors je fus frappée pour la première fois dans ma lecture, par l’optimisme de l’auteur qui en avait décidé autrement...mais je ne fus pas dupe pour autant et n’étais pas sans me douter qu’il ponctuait cet ouvrage par la plus prompte des finalités salvatrice.
J’ai vu les lignes disparaître dans un flou visuel déconcertant au moment où comme une douce régression de fin de vie, son fils muet et accablé par la souffrance, ne s’est manifesté auprès de lui que par un serrage de doigt comme le font les nouveaux nés...
Après cela, compréhensive et résignée j’ai laissé place aux résurgences évoquées par ce monde médicales et de ses problématiques que je connais bien...
je suis charmée par cet auteur qui a tout d’un grand homme
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L’école est finie ! \o/ youpiiiii
6 semaines de congé ! Comme je disais à bosse qui m’insistait à en profiter pour me reposer : "6 semaines de congés pour moi c’est pas des vacances mais de la convalescence!" :p